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Le 1er mai va à l’inverse des mariages à la cour d’Angleterre : il faut en revoir la facture si on veut en retrouver l’esprit. En un mot, il prend chaque année un coup de vieux alors que ce qu’il représente n’a jamais été plus actuel.

Je parle ici bien sûr de la fête du travail et non de la fête du muguet. La seconde ne m’a paru non plus en grande forme. Les marchands de brins ou de bouquets ne paraissaient faire recette qu’à la porte des hôpitaux, ce qui sur bien des aspects n’est pas bon signe.

Fête du travail donc. J’y participe chaque année avec la conviction grandissante que c’est un événement à renouveler. Elle n’apparait plus aujourd’hui que comme une manifestation de plus, ne cadrant pas avec l’actualité sociale et où l’on reprend des slogans déjà utilisés, trop généraux pour mobiliser. La fête, ce qu’il s’agit de célébrer se perd, de même que le désir d’être ensemble et de partager un même élan.

Comment la renouveler ? En y ajoutant quelque chose des mouvements populaires ; des chants, et non pas seulement ces slogans hurlés dans des haut-parleurs qui démolissent l’oreille sans transporter le coeur ni l’esprit. En donnant à la marche un but, un lieu où se retrouver, lieu qui pourrait être une grande place où seraient installés des stands des syndicats et des partis et où l’on pourrait manger sommairement et se désaltérer autour de quelques tables sur tréteaux. Ce sont des idées un peu en l’air et je suis persuadée que d’autres naîtront pour retrouver l’élan populaire et y apporter chaleur et élan.

La perte de force actuelle de la manifestation interroge d’autant plus et invite à apporter des solutions que l’actualité de la défense du travail (on dit maintenant de l’emploi) et des travailleurs (on dit maintenant des salariés) n’a jamais été aussi grande. Il n’est d’ailleurs pas innocent que les mots aient changé. Notre regard sur le travail a lui-même changé. Le travail n’est plus vécu comme un lien, mais comme une inquiétude (ne pas en avoir ou le perdre) ou même comme un risque (le stress, les cas de suicide). Les travailleurs eux-mêmes ne se ressentent plus comme un groupe soudé et la dernière à utiliser le terme a sans doute été Arlette Laguiller. Ils sont devenus des salariés et je crois que ce déplacement d’un mot vers l’autre est hautement signifiant.

Le temps du muguet est comme le temps des cerises : il faut le réinventer.

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