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Un article de Libération (« La tyrannie de la toilette ») me fait souvenir d’un de ces mots que j’ai connus dans la vigueur de son usage et qui s’est éteint. L’un au moins de ses usages.

Dans les années 50, si on ne parlait plus d’ « atours », on disait encore couramment « la toilette » au sens de vêtement, ou plutôt de l’ensemble de vêtements et d’accessoires qui est de mise pour une occasion. Pour le Grand Prix de Pau, ville où j’habitais, une femme portait « sa plus belle toilette ». Elle n’en avait souvent pas un si grand nombre mais toutes avaient un sens, une intention et supposaient des heures de travail de couturière par ses petits plis, son drapé ou ses incrustations. Une femme qui avait « le goût de la toilette »avait généralement du goût, mais surtout elle aimait paraître et montrer qu’elle savait avec justesse adapter sa tenue aux heures et aux situations.

La « toilette » n’était pas l’apanage des plus riches. Ma grand-mère, paysanne qui ne s’asseyait pas à table, se tient aujourd’hui encore sur ma cheminée dans sa plus belle et seule toilette et avec quelle dignité, quelle obscure fierté, non pour elle, mais pour sa race, j’oserais dire pour sa classe. J’interprête sans doute, en connaissance de ce que fut sa vie, mais il y a dans cette toilette impeccable, dans sa posture très droite, sans concession à l’abandon ou au confort, une volonté d’être respectée pour ce qu’elle est qui est comme une leçon.

Bien souvent, dans une conversation, dans une lecture, je m’interromps un instant. Tel mot m’est aimé plus que d’autres, tel autre me déplait ou me fait peur (tel « déchéance » dont j’ai parlé dans un billet antérieur). Tel autre me frappe car il parait ressorti d’une vieille armoire, dont cette « toilette » dont Libération dénonçait la tyrannie … dans les années 1910. Tous, si on s’y arrête, racontent une histoire et un seul peut en contenir mille.

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