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Départ en train vers Paris au moment où le jour s’installe. Je ne passe jamais devant les tours de la Benauge sans déplorer l’ineptie qui les a faites construire en ras de voie. Ce ne sont pourtant pas celles que le Maire de Bordeaux a destiné à la démolition, situées plus en retrait de la voie sans pour autant être privées du fracas régulier des trains.

Le soleil apparaît derrière le feston des arbres, aussi rouge et incandescent au lever qu’il est chaque soir devant mes yeux à Hossegor. Et pourtant ce n’est pas le même soleil, ni la même atmosphère. Les heures ne se lisent pas sur le cadran des montres mais dans un jeu de lumières et peut-être (sûrement) un paysage intérieur tout différents selon que la journée commence ou décline. Plus je vieillis, plus j’aime les matins, partout, en ville, sur la plage vide, dans le train. Sans doute pour ce qu’ils portent d’à venir, que le soir au contraire détruit.

Le coeur me point toujours un peu en partant à l’Assemblée. Les jours là-bas sont extraordinairement denses et rapides. Auditions, prises de parole, réunions de groupe, séances dès qu’elles auront recommencé, les heures passent et s’empilent, saccadées, sans laisser le temps d’en identifier, d’en nommer aucune. Je regarde l’heure, il est toujours plus tard que je ne croyais. J’ai l’impression d’être volée.

Le soleil, d’un coup, a changé de fenêtre. Il me faisait presque face, le voilà à la vitre opposée, passant derrière les maisons, réapparaissant, comme un mécanisme de stimulation lumineuse intermittente. Ce sont maintenant les vignes du Libournais, une pièce d’eau, de petites maisons à un étage. Je sais qu’il faut plaider la densification urbaine, mais les plaideurs bien souvent ont eux-mêmes un jardin et ce contact avec la nature dont ils veulent priver les citadins. Pour ma part, je préfère que le travail et l’emploi s’installent dans les campagnes, à proximité d’un habitat plus doux, plus vert, plus humain.

Cela s’appelle, je crois, un « clavardage », un bavardage « par sauts et gambades » par l’intermédiaire du clavier. Plus justement ce matin, un monologue clavardé, mais ce n’est pas si joli. Un mien ami, neuro-scientifique de son état, tient pour certain que les femmes comme les enfants ont le matin besoin de babiller. Si la vision n’est pas d’un féminisme absolu, je lui ai pourtant ce matin donné raison.

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