m

Michèle Delaunay interviendra demain soir, mardi 30 mars 2010, dans l’Hémicycle en deuxième lecture du Projet de loi sur l’ouverture à la concurrence du secteur des jeux de hasard et d’argent en ligne. Elle expliquera lors de son intervention en quoi le gouvernement ne peut se permettre de porter ce projet de loi, dangereux en terme de santé publique et d’intégrité du sport et inutile aux Français. Voir ci-joint son projet d’intervention.

Mesdames, Messieurs les députés, Monsieur le Ministre,

Comme je l’avais dit en première lecture à l’ensemble des députés et à votre prédécesseur, M. Eric Woerth, je ne doute pas que vous soyez ici dans le désir que vos paroles, vos actes, les textes que vous rédigez ou que vous votez soient utiles aux Français, améliorent leurs conditions de vie,bénéficient à notre pays et à son développement.

Et là, je m’interroge gravement, Monsieur le Ministre. Suite aux manifestations de samedi dernier, suite aux résultats révélateurs des élections régionales, suite au désaveu des Français face à l’injustice des réformes menées, je m’interroge, je m’étonne même que vous osiez maintenir ce projet de loi.

Encore une fois, Madame la Ministre de la Santé est, à mon grand regret, absente,. Elle nous parle d’addictions aux drogues, elle lance des campagnes de prévention et achète à grands frais nos vaccins face à la Grippe H1N1, et fuit ce débat crucial sur les jeux depuis plus d’un an… Pourtant, le vaccin existe ici, je le redis : il s’agit de la limitation de l’offre qui est aujourd’hui, la seule, je dis bien la seule mesure de prévention évaluée, incontestable, et efficace. Toutes les études scientifiques indépendantes le confirment.

Vous affirmez vouloir lutter contre les sites illégaux par ce projet : mais que ne le faîtes-vous déjà au lieu de les légaliser en leur offrant un agrément – et donc l’assentiment – de l’Etat ?!

L’ouverture du marché, que vous prétendez « maîtrisée », ne le sera en aucun cas, vous le savez aussi bien que moi, et en premier lieu pour la raison suivante : vous permettez par ce projet le développement, en pratique incontrôlable donc exponentiel, de la publicité. Sur les sites internet, à la télévision, lors des événements sportifs : nous y aurons droit à toutes les sauces et les premiers touchés seront bien sûr les mineurs que vous affirmez protéger.

Les mesures dites de jeu responsable qui sont mises en place ici ou là par les opérateurs de jeux, c’est-à-dire sans fanatisme excessif, n’ont à aucun moment démontré leur utilité et bien souvent on peut considérer qu’il s’agit d’alibis pour mieux assurer leur avenir…et l’accroissement de leur chiffre d’affaires.

Pourtant, au moment même où s’ouvre des réflexions au niveau européen sur la réglementation en matière de développement du secteur des jeux de hasard et d’argent en ligne, votre gouvernement se presse de légiférer, poussé par les opérateurs de jeux qui attendent avec impatience la Coupe du monde de Football 2010…

Et des élus de droite montent maintenant un club de villes casinotières. Chaque élu a en effet reçu une gentille lettre d’invitation à y adhérer pour développer l’offre de jeux sur notre territoire – et par là même les addictions – et je ne doute d’ailleurs pas que le Maire de Bordeaux intégrera prochainement ce club. Tout cela est bien triste : on se moque ouvertement des citoyens.

Comment comptez-vous redonner de la crédibilité à l’Etat, à notre démocratie et aux responsables politiques dans notre pays en cédant si facilement à la pression d’intérêts strictement économiques et financiers, qui n’apporteront malheureusement ni croissance ni emplois aux Français ?

En conclusion, ce projet ne leur sera pas utile, il n’améliorera en aucun cas leurs conditions de vie, pire, il mettra en jeu leur santé mentale, en particulier celle des Français déjà les plus fragilisés, et ne bénéficiera ni au développement ni à la grandeur et à l’exemplarité de la France au sein de l’Union européenne.

Nous avons déposé un certain nombre d’amendements, percevant, comme de nombreux Sénateurs, ces dangers accrus en terme d’ordre et de santé publics.

Mais c’est aujourd’hui le retrait immédiat de ce texte, qui n’a AUCUNE raison d’être, que nous vous demandons M. le Ministre.

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel