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AFP, le 7 octobre 2009

PARIS — A la veille du début, mercredi, de l’examen du projet de loi sur les jeux de paris en ligne (hippiques, sportifs, poker), la gauche a fustigé un « cadeau » fait aux « Amis du Fouquet’s », référence aux personnalités et industriels invités de la soirée de victoire de Nicolas Sarkozy en 2007.

« Au moment où la crise s’aggrave et le chômage monte, le seul projet de loi » de début de la session ordinaire, « c’est casser le monopole de la Française des jeux », a dénoncé le président du groupe PS, Jean-Marc Ayrault.

Cette « seconde nuit du Fouquet’s va sortir de l’argent de l’Etat », estime-t-on au PS, la Française des jeux versant quelque « 126 millions à la Sécurité sociale ». Et, selon Aurélie Filippetti, « pour faire passer la pilule auprès des casinos tiers, on diminue la fiscalité sur les jeux: cela va coûter 40 millions d’euros aux contribuables ».

Après la décision de justice européenne donnant raison au Portugal -qui a interdit à une société autrichienne d’organiser des jeux en ligne-, le PS conteste en outre l’argument selon lequel la libéralisation des jeux répond à une « obligation » de Bruxelles.

« Ce n’est rien d’autre qu’un engagement non-écrit du président de la République à l’égard de ses amis les plus proches », accuse M. Ayrault.

En effet, argue-t-il, « dans la liste des bénéficiaires » (casinotiers, médias, producteurs), « on retrouve la liste des invités du Fouquet’s » pour lesquels « la mise en concurrence et l’ouverture massive des jeux » s’annonce « extrêmement juteuse ».

A l’appui de sa démonstration, le groupe PS a mis en ligne une vidéo sur le « Jackpotes », le « jeu bling-bling où les copains du Fouquet’s gagnent à tous les coups ». Sont énumérés les noms « Stéphane Courbit, Arthur, Bernard Arnault, Dominique Desseigne, Arnaud Lagardère, Vincent Bolloré, Martin Bouygues, Patrick Le Lay, François Pinault, Alexandre Balkany », le fils de Patrick, élu UMP proche du chef de l’Etat.

Gaëtan Gorce juge dangereux de « mettre le doigt dans l’engrenage » car si « la législation peut paraître relativement protectrice, elle ne pourra pas tenir par rapport à la pression des principaux opérateurs ».

Médecins, Michèle Delaunay et Valérie Fourneyron mettent en outre en garde « contre le risque d’addiction » induit par ce texte.

Des critiques reprises même à droite, à mi-voix, par le patron des députés UMP, Jean-François Copé, qui juge « indispensable » la mise en place « d’une politique de prévention de l’addiction au jeu » et s’interroge aussi sur « le contrôle des circuits de financement ».

Le gouvernement souhaite que le dispositif -consistant selon lui à régulariser afin de contrôler les paris en ligne- soit prêt pour la Coupe du Monde de football, à l’été 2010. « Prêt pour que les médias qui ont acheté les droits de retransmission puissent faire entrer la publicité dans leur recettes », analyse Mme Fourneyron.

Le PCF a dénoncé un risque « d’élargissement considérable de ces jeux ». De plus, « aucune mesure n’est prise pour empêcher un dévoiement vers des mafias et le blanchiment d’argent », selon Roland Muzeau.

Le lobby des opérateurs de jeux en ligne s’est fortement mobilisé autour d’un texte qu’il attend de longue date. « Ils sont arrivés en force », témoigne Mme Delaunay. La presse parlementaire a ainsi été conviée, par courriels, à des « entretiens » avec des « spécialistes de la concurrence ».

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel