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Michèle Delaunay vient d’intervenir face à Eric Woerth en commission des finances pour dénoncer les orientations du projet de loi sur l’ouverture maîtrisée à la concurrence des jeux d’argent et de hasard en ligne.

Si les jeux ont été jusqu’à maintenant exclus de la libre concurrence, c’est au nom de l’ordre public et social. Le PMU et la Française des Jeux, contrôlés de manière stricte par l’Etat et contribuant très largement à l’économie de la redistribution, conservaient le monopole pour des raisons d’intérêt général.

Aujourd’hui, l’offre illégale s’étant développée sur la toile, le gouvernement veut légiférer à tout prix et les opérateurs (y compris les illégaux) se régalent déjà du projet auquel ils ont fortement contribué :

  • des taux de prélèvements plutôt cléments de l’Etat sur les gains,

  • des mesures de prévention inexistantes ou sans moyens clairs au regard des dépendances aux jeux déjà constatées,

  • une amnistie pour certains sites illégaux qui seront les premiers à avoir un agrément,

  • la création d’une haute autorité de régulation noyautée par les opérateurs de jeux, sans pouvoirs réels de contrôle et de sanction,

  • un premier pas vers la légalisation à terme de toute forme de jeu, y compris des machines à sous ou roulettes russes, sur internet.

Ce projet, c’est l’acceptation d’une société atteinte par des formes nouvelles d’addiction.

L’augmentation de l’offre de jeux en ligne entraînera inévitablement et exponentiellement une augmentation de la demande, et ceci en période de crise économique et sociale, à l’heure où de nombreux Français sont endettés et vulnérables. La dépendance à l’écran ne rendra l’addiction que plus forte et les effets colatéraux que plus graves (alcoolisme, tabagisme, dépressions…).

Alors pourquoi un tel projet de loi maintenant ?

Parce-que la Commission Européenne nous presse de légiférer ? FAUX.

Elle n’a émis qu’un avis motivé qui n’obligeait en rien le gouvernement à prendre cette direction. Il suffisait d’instaurer des garde-fous légitimant le monopole du PMU et de la Française des jeux au nom de l’ordre public et social.

Force est donc de constater que le gouvernement, sous couvert d’une contrainte inexistante, laisse passer les intérêts financiers des opérateurs avant l’être humain. Le lobbying exercé en la matière par les actuels opérateurs et futurs investisseurs (ex. Bouygues et Pinault) n’est pas anodin.

On nous parle matin, midi et soir de prévention et de développement durable, mais on oublie trop souvent dans la pratique ce que l’on fait de l’Homme et de la société dans son ensemble.

Michèle Delaunay, scandalisée et révoltée, a défendu avec ses collègues socialistes une cinquantaine d’amendements en commission et votera contre ce projet de loi.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel