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Tout le monde connaît sa voix chantant « j’ai deux amours » et sa silhouette hanchée, marquée par une ceinture de bananes. Moins nombreux déjà sont ceux qui savent qu’elle fut une authentique résistante et décorée pour cela ; beaucoup trop peu se souviennent de son aventure de mère cosmopolite dénonçant toute ségrégation raciale et adoptant 12 enfants d’origines et de couleurs de peau différentes.

C’est ce dernier chapitre qui a réjoui ma jeunesse. Ces douze enfants étaient en réalité 13 : le premier n’a jamais été vraiment adopté mais accueilli après une rencontre dans un restaurant où il était un petit serveur de 14 ans* et qui a écrit un livre joliment appelé «Un château sur la lune »). Les douze autres l’ont rejoint.

Un souvenir merveilleux pour moi. Sans doute rêvais-je un peu de cette famille de conte de fée réunie dans un château de Dordogne « les Milandes ». Le père, Jo Bouillon, était un chef d’orchestre connu qui avait noué dans notre période parisienne des relations cordiales avec mon père. Je me souviens ainsi d’une répétition de son orchestre sur le plateau du studio des buttes Chaumont et d’une longue conversation qui m’avait presque donné l’impression de faire partie de la tribu… 

Cette mère étonnante était, on l’a deviné, Joséphine Baker. J’en ai très souvent entendu parler à la maison sans pouvoir dire si elle-même avait jamais rencontré l’un ou l’autre de mes parents pour expliquer la place qu’elle tenait dans mon imaginaire. Pendant des années, je me suis interrogée sur le devenir de cette famille inhabituelle, sans rien en savoir vraiment et, ce qui est plus curieux, sans semble-t-il qu’aucun journaliste, ni romancier ne se soit intéressé à son histoire. Le château des Milandes a été vendu aux enchères en 1969 et la tribu arc-en-ciel s’est sans doute dispersée sans qu’on ne sache plus rien d’elle…

Quelques jours après avoir fêté les cinquante ans de sa carrière d’artiste sur la scène de Bobino et devant un parterre de personnalités célèbrissimes, Joséphine Baker meurt d’une « attaque » cérébrale le 12 avril 1975. Presque un demi-siècle plus tard, je reste tout aussi curieuse de cette histoire étonnante et que j’ai presque cru partager …

*Jean Claude Bouillon-Baker « Un château sur la lune »

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