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« Le paysage ne nous appartient pas, nous le recevons et nous le transmettons, c’est tout ». Cela a été l’objet de la première partie de mon intervention lors de la présentation de « la charte de l’écologie urbaine »*. Car c’est bien sûr vrai pour les villes, et vrai pour Bordeaux qui dispose d’un atout naturel incomparable : l’arc de son fleuve.

L’arc de son fleuve, sa double courbe, sa couleur mordorée et l’admirable écrin de pierre que le XVIIIème siècle a offert à sa rive gauche.

C’est bien davantage sur ce qui aura été apporté ou définitiment enlevé à la beauté de cet écrin que le temps jugera les mandatures d’Alain Juppé. Economiser les ramettes de papier, fermer la lumière en sortant des bureaux de la mairie, tout cela est bien et relève du simple bon sens. Respecter, magnifier le paysage, lui apporter la marque du XXIème siècle au plus créatif de son art et de ses moyens de construction, voilà qui est d’un autre ordre.

Je ne connais pas un Bordelais, mais ce blog est là aussi pour que la discussion s’engage, qui ne soit pas affligé de ce qui est déjà sorti de terre rive droite. Petit empilement de bâtiments sans envergure, loupés complets comme le millenium, où est l’ambition d’une ville, quelle marque laisserons nous d’un XXIème siècle pourtant O combien créatif en la matière ? Qui a vu le jeu de couleur des bâtiments de Houston, l’opéra de Sydney, l’intégration à son écrin vert de Vancouver, ne peut qu’être attristé de ce que nous réalisons à Bordeaux. Au moment même où nous demandons le classement de la ville au patrimoine de l’humanité.

Le décor de nuit n’est pas meilleur : voir briller au dessus de la Bastide l’énorme enseigne de la Banque Populaire, est comme un signe de ce qui domine à Bordeaux -comme ailleurs j’en ai peur- : la banque. De même, voir du haut du cours de Verdun, l’enseigne lumineuse verte de l’hôtel Ibis couronner l’Intendant Tourny nâvre tous ceux qui l’ont remarquée. Quoi de plus simple qu’un arrêté municipal astreignant la mise en place d’enseignes à des contraintes paysagères. Imaginez le Louvre dominé par une enseigne Mac’Do..

C’est pour ma part aussi pour cette volonté de respecter le paysage, que j’ai émis des réserves fortes au projet de pont Baccalan-Bastide. Nous n’avons pas même obtenu une exposition comportant une maquette de taille significative implantée sur le relief du territoire. Cela seul pourrait donner aux Bordelais une idée du rapport des volumes et de l’impact paysager de cet édifice considérable.

En 1998, lors d’une exposition semblable, les Bordelais ont découvert concrêtement ce que représentait le pont au droit des Quinconces que voulait imposer Alain Juppé. Et c’est à la suite de cette exposition qu’ils ont massivement rejeté le projet.

Sans doute la mairie de Bordeaux ne voulait pas renouveler l’expérience.

  • Conseil municipal du 15 janvier ; voir aussi « ma grand-mère, l’écologie et la bêtise durable ». (janvier, 11)

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