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A Gradignan, un surveillant chevronné, en poste au 4ème étage où se situe le quartier disciplinaire m’a dit comme une évidence : « un détenu heureux, c’est un surveillant heureux ».

Que l’on puisse être heureux en prison est discutable. Que l’on doive y être ni humilié, ni malade, ni désoeuvré, ni laissé sans préparation de sa sortie est une certitude. Et c’est cela que voulait exprimer ce surveillant : le personnel va mieux quand les détenus vont mieux. Et quand nous exigeons de meilleures conditions de vie et de formation en prison, c’est aussi pour le personnel pénitentiaire.

Les normes européennes sont, petits pas après petits pas, mises en place à Gradignan. Nous avons pu lors de notre visite en apprécier quelques effets, en particulier au rez-de-chaussée où a lieu « la mise sous écrou ». Mais ces petites améliorations des conditions matérielles d’entrée sont mises à mal quand, dans une seule nuit, 15 personnes sont amenées à la prison, doivent être reçues, informées, fouillées, avant d’être « écrouées ». C’est alors l’un ou l’autre du personnel de nuit qui se détache pour ces entrées. Leur nombre les rend hâtives et un point très important qui est le choix de la personne avec laquelle le nouveau venu sera encellulé ne peut être fait avec toute la réflexion et la prudence nécessaires.

La structure de Gradignan –une barre HLM de six étages- ne facilite pas le travail des gardiens. La descente à la promenade ou au parloir se fait par groupes par les escaliers. Les ascenseurs ne servent que pour les déplacements d’une structure ou d’un lieu à l’autre et, du fait de leur grand âge, il fonctionnent de manière assez irrégulière. Autant de contraintes pour les gardiens.

Les six étages sont séparés entre eux et non disposés en coursives autour d’un espace libre (comme on le voit dans les films) afin qu’un incident survenant à un étage soit aussitôt repéré par un surveillant d’un autre étage. Au quartier d’isolement, le surveillant dispose d’un petit bureau sans fenêtre de 2m05 de hauteur sous plafond où ni vous, ni moi n’aimerions travailler.

Un des gardiens m’a expliqué qu’il parlait beaucoup avec les détenus. Il le tenait pour le plus important de sa mission et c’est aussi sans doute ce qui l’aidait à l’accomplir avec foi.

On ne dit pas assez que la bataille des conditions de vie en prison, de la formation et de l’occupation des détenus, c’est d’abord le personnel pénitentiaire qui la mène, et ceci en tenant compte de l’obligation de réserve liée à leur statut. Pour ma part, je la mène aussi pour ces femmes et ces hommes, à tous les échelons, qui ont non seulement un mêtier difficile mais un mêtier dont la difficulté augmente chaque année.
A lire également sur la page Bordeaux : « Michèle Delaunay visite la maison d’arrêt de Gradignan »

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