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France Soir, le 24 juin 2008

Les « retours volontaires » en échange d’une compensation financière ont augmenté de 374 %. Des élus se mobilisent contre la politique de Brice Hortefeux et multiplient les initiatives symboliques.
Fier de son bilan. En présentant, le 19 juin dernier, les chiffres de reconduites à la frontière depuis le début de l’année, le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Brice Hortefeux, s’est félicité d’être parvenu à « mieux maîtriser les flux » migratoires. Les expulsions de personnes en situation irrégulière se sont précisément montées à 14.660 depuis janvier, soit une hausse de 80 % par rapport à l’an dernier. L’objectif est d’atteindre 26.000 reconduites, contre 24.000 en 2007.

Ces chiffres globaux et satisfaisants pour le ministère, intègrent les « retours volontaires » qui représentent 38 % des départs du territoire, en augmentation de 374 % ! Cette procédure se veut incitative et non uniquement répressive. La personne en situation irrégulière, et sa famille le cas échéant, se voit proposer une somme d’argent contre un retour volontaire dans son pays. Au risque, vu le succès de l’opération, que l’Etat ne crée lui-même des vocations, voire sa propre filière d’alternance immigration clandestine-retour financés.

Préfets mauvais élèves

La politique des quotas a connu des ratés. Ainsi, le 12 septembre 2007, Brice Hortefeux a convoqué 20 préfets mauvais élèves, qui n’avaient pas atteint leurs objectifs chiffrés d’expulsions, pour une séance de recadrage. Exemple, le ministre exigeait du préfet de Gironde, Francis Idrac, qu’il procède à 1.000 expulsions, alors que l’intéressé en atteignait à peine la moitié.
Piqué au vif, Idrac envoyait, dès le lendemain, 13 septembre, une lettre sèche, voire menaçante, à la nouvelle députée de Bordeaux, la socialiste Michèle Delaunay. L’élue avait eu, aux yeux du préfet, le mauvais goût de procéder à un « parrainage républicain ». Cette petite cérémonie, sans aucune valeur autre que symbolique, visait à soutenir un jeune Turque d’origine kurde, sous le coup d’un arrêté d’expulsion. Agé de 24 ans, Bilal a connu les persécutions politiques dans son pays, ce qui lui a valu la prison et coûté un œil.
Mais effectivement, il était sans papiers. Dans son courrier, Idrac adressait à la députée un ferme rappel à la loi et notamment au texte visant « l’aide à la circulation ou au séjour irrégulier d’un étranger en France » : de la prison ferme. Aux dernières nouvelles, Michèle Delaunay n’a pas été franchement impressionnée et Bilal ne risque pas – pour le moment – de perdre le seul œil qu’il lui reste, puisqu’il est toujours en France.
Le préfet Idrac n’a, semble-t-il, toujours pas digéré l’épisode. Lors d’une conférence de presse en avril dernier, il est revenu à la charge sur le thème : « Que l’on ne s’imagine pas que les parrainages républicains ont valeur de titre de séjour ! » Effectivement, ces parrainages qui se multiplient n’ont, répétons-le, aucune valeur juridique. Même s’ils s’avèrent parfois plus efficaces qu’une lettre de menace.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel