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« Morne plaine »

Ce qui m’interroge et qui m’inquiète, c’est que dans les difficultés que nous traversons et que lui-même traverse, Emmanuel Macron ne trouve pas de voix fortes pour le soutenir. Ni en France, ni ce qui est plus grave encore, en Europe.

Où sont les Maréchaux de ce jeune général, prêts à monter au feu et à s’exposer ? Aucun fougueux bretteur sur les plateaux de télé ou dans les colonnes des journaux. Les plus inspirés le sont par la prudence (du genre « si Macron échoue, qui ? » *), Il y a de quoi inquiéter.

La classe politique, les intellectuels, sont-ils si dévitalisés qu’on n’en trouve aucun pour prendre des risques, ne serait-ce que celui de se tromper ? Qui pour aller au delà des habituels éléments de langage parmi ses troupes ? Qui pour fendre l’armure du minimum convenu ?

Cette interrogation vaut pour les leaders européens. En Allemagne, quelques voix ont appelé à la clémence sur le respect des critères de Maastricht au regard des françaises, mais d’appui véritable, point. L’Europe qui m’est chère et pour laquelle je m’engagerai toujours, est aujourd’hui tout sauf solidaire alors que c’est cela qui la rendrait attrayante.

J’écoute, j’entends, je lis.. Les éditorialistes eux-mêmes « voient venir ». « Morne plaine », dirait Hugo qui, lui, a pris le risque de la relégation. La postérité se mérite.

*la formule est d’Alain Juppé et a fait la Une du journal SudOuest.fr

Plan pauvreté : bonne copie qu’il reste à… enrichir !

Bonne note à la copie du Président de la République concernant le plan pauvreté. Mais comme pour tous les candidats à un examen auquel ils ne se sont pas frottés encore : demande à être confirmé en fin d’année ; en l’occurrence, en fin de quinquennat.

Un candidat plus tendu, plus nerveux qu’à l’habitude, quelquefois presque sarkozien dans son expression et ses mimiques, preuve qu’il n’est pas sur ce sujet aussi assuré que sur tant d’autres. Voyons-le comme une preuve de détermination et d’exigence, y compris vis à vis de lui-même.

Je partage à 100% toutes les mesures concernant la petite enfance, l’acquisition du langage et celle de la langue (voire de 2). Les jeunes cerveaux souffrent doublement de la privation sous n’importe quelle forme, mais ils sont capables d’apprendre et d’acquérir en proportion. Bravo !
Manque seulement l’urgente nécessité de la mixité sociale et scolaire dans les quartiers où habitent majoritairement ces très jeunes. Des établissements d’excellence implantés dans les banlieues ?

Même bonne note pour l’incitation et l’accompagnement à l’activité et au travail. Je suis si totalement convaincue que l’activité sous toutes ses formes est la clef que l’on ait 7 à 77 ans pour ne pas jouer à ce sujet les faux derches.

Ca se gâte pour ceux qui n’ont plus de chance d’y accéder. Les vieux en priorité. Vivre les dernières années de sa vie pauvre et devant se priver est un scandale humain et éthique. Pas de 2ème chance, pas de petits boulots, pas de prime de rentrée pour les âgés isolés (ce qui va en proportion avec la pauvreté). Certes le minimum vieillesse a été augmenté mais il faut une action globale et concertée.

Ça se gâte aussi pour ceux qui n’ont plus la capacité de prendre l’ascenseur de la participation, de l’activité quelle qu’elle soit. Copie à compléter donc, mais certainement pas à condamner de principe.

Qu’ils viennent me chercher !

Il y a beaucoup à dire de la déclaration impromptue d’Emmanuel Macron. Et d’abord qu’il l’a faite en petit comité, devant sa majorité parlementaire et non, devant les Français. Audience limitée et choisie, vidéo d’amateur, tout était fait pour faire redescendre le niveau de l’Affaire.

Mais ce qui m’a sonné le plus aux oreilles, c’est ce « Qu’ils viennent me chercher ! » qui résonnait à la fois comme un défi et une parole du haut de la montagne. Mais Moïse s’est tu là dessus. Nicolas Sarkozy a osé le défi : « descends, si tu es un homme ! » à un visiteur du salon de l’agriculture qui lui avait lancé quelque parole désagréable. Sarkozy était protégé par ses Benalla à lui, comme aujourd’hui Macron est protégé par la Constitution.

J’ai ensuite pensé à Danton, le plus fanfaron de nos révolutionnaires (« Montre ma tête au peuple, elle en vaut la peine »). Ce n’était pas lui mais il m’a permis de retrouver ce qui me chatouillait les synapses..

« Qu’ils viennent, s’il l’osent, me chercher ! » répond Hébert à sa femme qui s’inquiète (à raison) sur son sort. Il continue: « Je ne crains pas plus Robespierre que Danton. »

C’est Lamartine qui décrit cet échange dans son « Histoire des Girondins ». Si elle n’est que très partiellement véridique, au moins son ton épique la rend-elle lisible. Mais ce qui est important, c’est que nous savons au moins qui sont ces « Ils » que vise Hébert.

Qui sont les « Ils » de Macron ? Rien de plus précis qu’une réminiscence sans doute. Mais à nos oreilles, ils sonnent en effet comme parole royale ou prophétique, lancée du haut d’un Olympe d’où nous sommes très loin… De même quand il poursuit: « Répondez-leur que le responsable, le seul responsable, vous l’avez devant vous.. ». Là nous sommes clairement dans le registre du Christ parlant à ses apôtres. Ca fait beaucoup…

Ni les Romains, ni les sans-culottes n’iront chercher Macron… Les Députés peut-être, qui demanderont à l’entendre. La République sans doute, qui est inaltérable, comme la cicatrice que cette Affaire lui laissera.

 

« Tomber pauvre », vous avez dit « tomber pauvre », M le Président ?

Dans une sorte de sketch diffusé sur les médias sociaux et sans doute pas totalement spontané, Macron inaugure l’expression « tomber pauvre ».
L’usage du mot « tomber » m’a souvent interrogée en particulier dans « tomber amoureux », comme aussi dans « tomber enceinte », deux situations qui n’évoquent pas la chute dans un état fâcheux et j’oserais dire que « monter amoureux » me paraitrait plus proche de l’état particulier où conduit le fait d’être amoureux.

« Tomber malade » est plus justifiable. Mais qu’en est-il de ce « tomber pauvre »? L’impression de descente vers un état moindre n’est-elle pas porteuse de quelque nuance freudienne, je ne dirais pas de mépris mais en tout cas tout à fait contraire aux enseignements de la bible ?
Et pour le moins, à celui qui « tombe pauvre » ne faut-il pas une main pour aider à le relever ?

Cet « entretien » était une conversation

En fait, j’ai compris ce qui m’a si fort dérangé en voyant l’interview d’Emmanuel Macron. C’était une scène de film entre 2 personnages devisant entre eux, à l’issue d’une réunion où d’une reception quelque part dans un palais. La caméra allait du visage de l’un au visage de l’autre, puis entre les pauses s’attardait sur le décor. Il y a une scène comme ça dans le Guépard. Le Prince Salina va rendre visite au Roi dans son bureau. Le Roi devise des affaires du royaume, l’autre écoute et ravive à point nommé la conversation bien conscient qu’il s’agit plus de la mettre en valeur que de la partager. Puis le Roi raccompagne le visiteur jusque dans l’escalier et jusqu’à la porte du palais…
La conversation, si l’on peut dire, était brillante, rapide, sauf qu’ici le maître de cérémonie n’était pas le Roi mais bien le jeune Guépard. Tout était beau, bien dit et sans aucun doute brillant, mais j’étais tenue à l’écart de la conversation, je n’en étais pas partie, je n’étais pas celui auquel elle est adressée. Je verrais le film, mais plus tard, quand les rushes auraient été revus, choisis, les éclairages contrôlés, la bande son approuvée..
Les paroles, le texte, dont j’essaye maintenant d’accrocher les morceaux, s’il ne m’a rien révélé, était parfait, mené avec rapidité, son vocabulaire à la fois ferme et élégant et j’ose dire que, de tout ce dont je me souviens, je n’ai à dire qu’approbation ou louanges. Mais j’étais gardée au dehors, ce n’était ni à moi, ni de moi que l’on parlait, j’étais ce spectateur sans visage et sans voix qui n’ose pas même tousser tant que dure la séance.

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