Une "agora numérique" au coeur de notre agglo
le mercredi 29 décembre 2010 à 11h46
J'y "pense en me rasant le matin", comme disait l'autre, j'y pense le soir : rendre à la salle des fêtes du Grand Parc, murée depuis 20 ans, son rôle de lieu de culture et de convivialité au quotidien, est une des raisons de ma présence au élections cantonales de mars. Et nous y arriverons.
C'est un projet pour le canton Grand Parc-Jardin public, mais c'est aussi un projet pour tout Bordeaux et son agglomération, comme l'est le "Rocher Palmer" récemment inauguré et déjà couronné "projet d'excellence culturelle au coeur des quartiers" par l'Académie des Arts (Salut au Maire-Conseiller général de Cenon!). Voilà un projet exaltant mais tellement en opposition avec la politique culturelle de la ville, faite de grosses institutions et d'évènements bling-bling, que celle-ci a oublié d'en saisir l'importance.
Vingt ans de perdus, c'est une génération perdue, selon le beau mot de Gertrude Stein, reprise pour un de ses ouvrages par notre ami Michel Suffran. Toute une génération qui n'aura pas connu les joies d'un concert prestigieux au coeur de son quartier, la familiarité stimulante d'un ciné-club, la création d'une pièce de théâtre auquel l'un ou l'autre participe ; qui n'aura rien su de la culture dont on est soi-même l'acteur.
Il faut retrouver l'ambition initiale de la salle des fêtes : "Maison de la culture" attractive pour toute la ville, lieu de convivialité et de culture au quotidien pour les quartiers qui l'entourent, mais l'installer dans ce XXIe siècle dont commence la deuxième décennie sans que beaucoup paraissent s'en apercevoir.
Si Malraux lançait aujourd'hui son éblouissant projet de Maisons de la culture, il mettrait au coeur de chacune d'elles ce nouveau mode d'expression, d'échange et de création qu'est l'internet. Il avait eu l'idée, bien avant tout le monde, d'un enseignement médiatique de masse. Cette idée était tellement innovante, (reconnaissons-le aussi, mal portée lors d'une intervention télévisée) qu'elle a coûté à Jacques Chaban-Delmas ses chances d'élection à la Présidence de la République. Avec le recul du temps, comme c'est injuste : c'était une authentique vision d'avenir.
Aujourd'hui nous savons que l'internet est, et doit être, un outil de culture et de liens. Liens entre les âges, les modes de vie, les savoirs. Il peut être aussi l'occasion d'une fracture irrémédiable entre ceux qui y auront accès, qui sauront l'utilliser à son meilleur et ceux qui resteront paralysés ou seulement consommateurs passifs devant ce nouvel outil. C'est la base de notre réflexion pour le projet d' "Agora numérique" que j'ai présenté hier.
Quelle estimation pour un tel projet ? En examinant tout ce qui a été annoncé pour les projets abscons de la Mairie (du boulodrome à la Maison de l'Emploi..), on peut avancer les chiffres de 2 à 2,5 millions d'euros.
Est-ce que cela ne rappelle pas quelque chose ? "Evento" qui n'a laissé dans les mémoires que le souvenir d'un magistral flop a coûté 4,2 milllions d'euros. Pour la moitié, le Maire de Bordeaux, aurait pu doter sa ville d'un équipement durable (le mot est à la mode et, pour une fois, il a un sens), capable de donner un souffle à la culture dans toute notre agglo et, avec un peu de talent, d'attractivité pour la ville elle-même. Je rêve d'une salle des fêtes qui n'est plus ce visage de clown dont le maquillage a coulé, mais dont le pinceau de Christian Lacroix saurait décliner les couleurs. Et que l'on viendrait voir de loin.
Alain Juppé avait pensé un instant à un projet culturel, à la condition que Bordeaux fût élue capitale européenne de la culture. Le bling bling toujours. Marseille a eu le pompon, et le Grand Parc, rien, toujours rien.
"La vie est ailleurs", disait Kundera. Ailleurs, toujours ailleurs, pour les habitants des quartiers. C'est ce dont il ne faut plus vouloir si nous ne voulons pas voir nos sociétés se déchirer et se perdre.






Commentaires
Le second tour du scrutin cantonal aura lieu en Germinal du calendrier républicain ; c’est parfait pour remettre « en culture » le Grand-Parc de Bordeaux ! Que peut-on en effet souhaiter de mieux à cette élection que de réveiller le pouvoir germinatif d’une maison abandonnée depuis vingt ans à la jachère ?
Comme un mur de prison, les parpaings qui en obstruent les issues nous rappellent à chaque passage que, dans ce quartier, la culture a été condamnée à une longue peine d’emprisonnement, sans droit de visite pour les habitants. En mettant leur bulletin dans l’urne, les électeurs du Grand-Parc diront donc s’ils souhaitent prolonger l’incarcération ou, au contraire, lever la peine et démurer leur salle des fêtes, convaincus que leur trésor est caché dedans ! Ce trésor, pour reprendre la formule de Malraux, par quoi hommes et femmes peuvent prendre (et faire prendre) conscience qu'ils sont "autre chose qu'un accident de l'univers".
Chapeau, madame la conseillère générale ! Avec un tel projet numérique, vous vous assurez de surcroît un soutien de poids : celui de la première "femme digitale" de la ville !
J'espère que ce projet ira à son terme. Un équipement culturel vivant au quotidien demande beaucoup de talent pour le faire vivre et il faut que les habitants y contribuent.
Début des travaux de rénovation le 22 mars 2011. Le vieux navire bigarré du bout du cours de Luze remis à flot avec à la manœuvre, Kundera, Stein, Suffran, Chaban et tous ceux qui voudront bien apporter leur secours. D'ici trois mois on ne manquera pas de recruter, et les trois "M" seront sans doute bientôt de la partie.
" Agora numérique ", que n'y avait-on pensé plus tôt ? Les anciens et les modernes enfin réconciliés pour ériger en phare de la culture le canton dont initialement on ignorait les raisons pour lesquelles on re-présentait sa candidature. Magnifique ! Finis la crise et le sous emploi, l'inculture et la fracture numérique, l'isolement et la solitude. Bonjour les cieux éternellement bleus, les papillons voletant au dessus d'une herbe toujours verte délicatement parsemée de fleurs blanches. Brave gens, la douce bise du bonheur soufflera au Grand Parc. C'est sûr, on nous le dit !
P. S. : Et une usine à gaz, ce serait bien aussi ! Non ?
Ah, ça lui fait mal, à cet oiseau d'ubu! Mon pti, t'en verras d'autres! Je suis sûr que la conseillère générale légitime ne t'épargnera rien. Et c'est bien fait!
à Alain
Mais ils l'attendent depuis longtemps, ils la demandent, cette salle des fêtes. Ils ont su l'exprimer, que ce soit en tchatche trottoir, en réunion avec la mairie, par l'intermédiaire d'associations locales, ou par celui du centre social. Ils l'ont dit, redit , n'ont été écoutés que comme la mairie sait écouter et prendre en compte les habitants qui s'expriment en conseil de quartier : cause toujours !
Franck, t'a tout à fait raison: le principe de gouvernance de cette mairie (et de cette mairie de qurtier) est: "cause toujours." Ils n'ont dans cette droite archaïque jamais compris ce que les mots "consultation" et a fortiori "concertation" veulent dire. "Consultation" veut dire: chercher le conseil, recueillir l'avis d'autrui avec l'intention d'utiliser de façon bienveillante ces conseils et avis; "concertation" veut dire: chercher dans un échange d'information, souhaits, avis une base d'un accord,fondé le cas échéant sur des compromis. Ce que pratique notre droite archaïque, c'est une information sur ce qu'on a préalablement décidé, en appelant cela sous une fausse étiquette consultation ou concertation. Qu(il s'agisse des conseils de quartier, ou des "ateliers" ou d'autres créations du même genre, c'est toujours en fin de compte ce que tu appelles très justement, en retraçant la triste histoire de la salle des fête, la méthode: "cause toujours".
"Cause toujours", c'est leur façon de cause du peuple !
oui ; les articles de sud-ouest s'en font l'écho, reproduisant ce que disent les habitants. des gens qui ne se connaissent pas, qui ne connaissent pas ce qui se passe dans d'autres conseils de quartier, qui ne s'y intéressent d'ailleurs pas forcément, finissent par dire la même chose, constater la même chose. Non pas du fait d'une opinion pré établie du genre "ça ne sert à rien vos trucs", mais après expérience faite. Suivre les compte-rendus dans la presse est révélateur : il y a des déçus, des gens qui y ont cru et qui se sentent trahis, moqués. C'est une fausse concertation.
Ce n'est pas un outil technologie moderne dont on fait la promo actuellement qui va changer le fond. Ne serait-ce que parce que des questionnements fermés - ceux dans lesquels on sélectionne les questions que l'on pose tout en laissant de côté celles qu'on ne veut pas aborder - oriente les réponses. Croit-on aussi que le péquin moyen va se mouiller à écrire de son ordinateur ce qu'il n'ose pas dire, noyé dans un groupe ? Ensuite, parce que ceux qui exploitent les réponses en leur sein en font ce qu'ils veulent. Ainsi, un vote sans représentants d'habitants, d'élus, etc...a un taux de réponse et une validité qui est tout sauf fiable. Si je dépouille un vote tout seul dans mon coin, il est évident qu'à moins d'être un saint, je cacherai la réponse qui ne me convient pas, ou au moins que je serai tenté d'influencerai nur ein bischen les pourcentages des résultats.
Qui dit légitime, dit illégitime... Mais qui est qui ? Et pourquoi préciser qu'on ne m'épargnera pas ? L'ai-je demandé ? S'agit-il de menaces ? Tout cela demeure bien confus.
Une chose est certaine, c'est que l'une des seules causes d'attraction des habitants des quartiers entourant le Grand Parc est la piscine. Cette piscine, qui ouvre donc l'enclave, satisfait également les besoins des jeunes et des sportifs logeant dans les barres et les tours qui l'entourent. Là, il y a échange, communication, ouverture. Tout ce dont le Grand Parc a encore et encore besoin.
Pour ce qui concerne la salle des fêtes, celle-ci a été fermée, outre les questions d'amiante, en raison des nuisances engendrées par les concerts et ses afters impromptus, mais néanmoins tapageurs, qui y avaient lieu. On a parlé du groupe AC/DC, les voisins de la salle sont ceux qui en ont le plus vif souvenir. Ce soir là, nous n'étions pas un 15 août sur une plage landaise, et les résidents plaintifs aspiraient à voir leur quartier un peu mieux considéré au quotidien, tout simplement parce qu'il s'agissait de leur lieu de vie principal et qu'il n'y avait pas qu'un seul concert de ce genre programmé dans l'année.
Notre Cassandre local doit comprendre de quoi l'on parle.
P. S. :
Cassandre comprend tout, sait tout ; même le montant de la participation du Conseil Général pour la rénovation de la piscine évoquée ne lui est pas inconnu. Pourrait-il rappeler les chiffres ? En fin le chiffre... ?
ubu "commente" à côté de la plaque (comme toujours), il ignore même les annonces et promesses répétées et non tenues de la "mairie", donc on le laisse dans son coin, où il peut se sentir "menacé", si ça lui plaît.
Je me fais l'avocat du diable "c'est ou le grand parc" ?
Je me fais l'avocat du diable "c'est ou le grand parc" ?
Cherche sous 'poil à gratter' et al.
Quelle bonne nouvelle, Michèle
Quelle magnifique Mère Noëlle tu es en cette fin d'année, si "mot-
rose" à Bordeaux
Combien devons-nous être à applaudir l'initiative que tu prends avec
le CG?
Pour préserver dans les auspices de ce beau projet toute la sérénité oecuménique du temps de Noël qui l'a enfanté, voici une idée de premier spectacle pour l'Agora Numérique:
http://www.youtube.com/watch?v=GkHN...
Ok, c'était pas une menace, et si ce "on" est un "je", comment pourrait-il en être autrement, me voila ravi.
@ alphonse,
Attention, les intégristes du laïcisme - ça existe - ne vont pas apprécier.
@ubu
Bah! d'ici à ce qu'ils puissent en faire autant en matière de com...
...ils auront bien inventé aussi une manière de pardon, je suppose!