Le silence est doux dans un bureau, lourd dans un lieu de culture
le lundi 27 décembre 2010 à 18h16
Travailler -bien au chaud- quand une grande partie de la ville est en vacances a sa part d'agrément. La ville est plus silencieuse, le téléphone aussi et le travail n'a pas la même qualité.
Avant de quitter mon bureau, j'ai envie d'un de ces petits moments d'intimité qu'on peut avoir avec son blog quand l'actualité se desserre et que le mouvement brownien qui agite les élus de la République se ralentit.
J'ai bossé cet après-midi l'incroyable dossier de la salle des fêtes du Grand Parc : un équipement emblématique de ce quartier, qui a connu mille belles aventures culturelles (cine-club, concerts de Murray Head, ACDC et bien d'autres, débats, conférences) et qui a fêté tristement en 2010 le vingtième anniversaire de sa condamnation au silence.
Motif ? Initialement, la présence d'amiante. Mais durablement, quoi, sinon l'incurie d'une Municipalité qui ne connait de la culture que l'Opéra de Bordeaux (50% du budget annuel) et d'épisodiques événements confiés à des créateurs venus d'ailleurs ?
La salle est réduite au silence, son incroyable façade qu'il serait si facile de remettre en valeur est là comme un visage triste sur lequel le maquillage de scène a coulé. Ce matin, lors d'une courte visite dans le quartier, la mauvaise humeur m'a pris : pourquoi dans cette période où le quartier aurait grand plaisir à un spectacle ou à des rencontres festives, n'y a t-il rien que ce silence glacé et l'annonce d'une n'ième concertation?
Je voulais écrire au fil des touches de l'ordinateur. C'est vers la salle des fêtes qu'elles m'ont menée. Il n'y a sans doute pas de hasard. Le sujet m'a occupé une partie du jour et il a un étroit rapport avec l'écriture et toute forme de création, fût-elle celle d'un billet sur un blog.






Commentaires
La salle murée, la salle humiliée, la salle martyrisée, la salle outragée...
La salle défaite !
A quand la libération ?
La salle des fêtes du Grand-Parc connaît le sort d'autres équipements collectifs municipaux... mal entretenus, qui finissent par devoir fermer.
Les lieux de rencontre, les lieux de culture de proximité, ne constituent pas des priorités pour la municipalité. A Bacalan, par exemple, il a fallu 60 ans pour que la Mairie réalise une salle des fêtes digne de ce nom... Et de nombreuses, très nombreuses, actions des habitants et de leurs associations.
A part les vitrines culturelles, que je ne remets nullement en cause, il faudrait prendre les moyens de développer ces lieux, en articulation avec le tissu associatif et culturel local...
Je me pose toujours la question de savoir si le désintérêt de la municipalité pour cette question traduit du mépris pour les habitants ou la crainte de voir ce développer une vie collective et culturelle qui pourrait réorienter certaines pratiques et habitudes bordelaises dans un sens non souhaité par nos édiles.
à Pascal Pilet :
Bien vu. Et si c'était les deux ?
Ancien habitant du Grand Parc, j'ai un souvenir de cette salle (pour la fête du collège proche, avec mes filles). Maintenant j'habite un petit village pyrénéen de 350 habitants, qui a sa salle des fêtes (malgré la proximité d'autres communes). Quoi de plus naturel? En 1995, j'avais interpellé à ce sujet le candidat Juppé: réponse, oui on y pense pour la danse classique! Vraiment est ce qu'on a peur de la culture populaire, la vraie. Pascal Pilet aurait il raison?
La politique c'est le commerce des âmes, elle se vend plus chère aux voleurs qu'aux honnêtes gens ( l'inverse est grave).
C' est heureux que l' accès à la beauté et à l' art ne soient pas le fruit d' un concours de circonstance,le fruit du hasard dont une main invisible viendrait proposer par une loi étrange de l' absence d' offre et de volonté politique,la mise en friche pendant 20 ans de cette salle des fêtes du Grand Parc-Quelle beauté et quel art dans le silence culturel de cette partie de Bordeaux?Oui la culture n' est pas le fruit du hasard.Ce projet autour du multimédia est prometteur .
La salle du Grand-Parc est suffisamment polyvalente pour accueillir la plupart des spectacles... de la kermesse des écoles, au gala de danse en passant le théâtre, la musique...
Depuis le sacrifice de l'Alhambra aux appétits des promoteurs immobiliers, il y a une vingtaine d'années, le nombre de "petites" salles, permettant d'accueillir des artistes qui ne sont pas susceptibles de remplir la Patinoire, est fort réduit. Hormis le Fémina, je crois qu'il n'y a rien sur Bordeaux intra muros. C'est plutôt dommage.
Redonner vie à cet équipement serait vraiment utile, à la fois au quartier du Grand-Parc, et au reste de la ville qui en bénéficierait également.