Drogue : une question de santé, pas de morale
le dimanche 5 décembre 2010 à 19h26
Je me permets de mettre ici le lien avec la tribune que j'ai publiée hier dans notre quotidien Sud Ouest
le dimanche 5 décembre 2010 à 19h26
Je me permets de mettre ici le lien avec la tribune que j'ai publiée hier dans notre quotidien Sud Ouest
Commentaires
Bien d'accord avec vous sur cet article, Madame...
Dans votre article ci-dessous "...express", jai fini par demander à Achille de piquer votre PUMA...mais Achille a raison: on ne peut pas traiter toute la misère du monde.
tout cela nous éloigne beaucoup de l'important débat que constituent les salles d'injections protégées. Je l'avoue, j'aimerais connaitre vos réactions.
En officialisant et reconnaissant la conso de drogue dans des salles spécifiques, il sera après bien difficile d'expliquer aux jeunes que la drogue c'est mauvais.. C'est blanc ou c'est noir, c'est bon ou c'est mauvais, c'est autorisé ou c'est interdit. Si les jeunes n'ont plus de repères, ils auront bien du mal à comprendre.
Ce thème avait déjà été évoqué sur les blogs de Najat VB et JL Bianco.
Les deux fois, " Jojo" a posté un comm plutôt contre, mais sur un ton humoristique de bon aloi.
Je lui ai répondu les deux fois la même chose, c-dessous copies de ma réponse et du comm de Jojo ( que nous croiserons peut-être ici aussi ?)
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Gérard Eloi dit :
13 août 2010 à 9 h 33 min
@ Jojo,
1) Attention, il n’a pas forcément été question de gratuité : dans les pays uù de tels centres sont ouverts, les « patients » viennent avec leurs « provisions ».
( Il faudra donc examiner la légalité ou non de transporter ce genre de « provisions » sur la voie publique. Et rendre impossible tout risque de dérapage, comme revente,…
Tu vois qu’il y a du boulot, des trucs à discuter, à mettre au point,…)
2) Pour d’autres assuétudes ( alcool dont tu parles, tabac,…), tu peux toujours faire des propositions similaires, en tenant compte de cet objectif impératif :
« … nous parlons d’un système de prise en charge des toxicomanes dont l’objectif est bien le soin et le sevrage. »
3) Je comprends évidemment très bien ton « coup de gueule », parfaitement mis en valeur par ton humour de bon aloi.
Evidemment, ce genre de truc va coûter. Combien ? A calculer…
Mais il va aussi rapporter à moyenne et plus longue échéance : si cela devient vraiment efficace dans la lutte contre la toxicomanie, ça fera de sacrées économies pour la sécu ( maladie, invalidités,…)
Cet accompagnement sera-t-il « rentable » à la longue ? Des spécialistes peuvent se lancer dans les calculs.
Tu vois qu’il y a matière à discussion.
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jojo dit :
12 août 2010 à 21 h 04 min
Je suis désolé mais cette mesure serait parfaitement anticonstitutionnelle… et scandaleuse, une rupture de l’égalité des droits du citoyen!
En effet, de quel droit les drogués auraient droit à leur « salle de shooting » pour s’envoyer en l’air gratos et pas nous les alcoolos? On pue de la gueule peut-être, on refoule du goulot ?
Ben puisque c’est comme çà, nous aussi on veut des « salles de picole » où le pinard coule à flot et gratos. Et pas du gévéor SVP, c’est du bon qu’on veut.
Non mais!
Jusqu'à des gosses d'une dizaine d'années qu'on trouve en manque, dans les rues...
Ce n'est pas avec des impératifs catégoriques qu'on va régler cette "affaire".
Sur l'ensemble de ces questions, puis-je suggérer la lecture d'un article fort bien fait dans le N°38 de La Revue Socialiste, 2°trim2010..? "Sortir Kant de nos têtes" de Ruwen Ogien.
Où il explique bien que l'appel à la "dignité humaine" non seulement n'est pas indispensable pour régler nos rapports à autrui, mais finalement nuisible et dangereux.
"Supposer que la référence à la dignité humaine est nécessaire pour justifier des droits, c'est, en réalité, affaiblir ces droits". Le principe, bien "naturel", lui, de non nuisance aux autres suffit.
Pour ceux qui voudraient approfondir, - et c'est accessible avec un minimum...d'orthographe!-, lire la superbe critique de l'impératif catégorique de Kant par son grand copain Schopenhauer dans son " Fondement de la morale": une descente en flamme de première!
Où l'on voit que les motifs de Kant ,comme peut-être tous les artifices de Voltaire, Molière etc...pour échapper à la censure du moment, ont à voir avec...la main qui vous nourrit!
J'ai eu à m'occuper, pendant une dizaine d'années, des politiques de la drogue dans les pays européens. Il faut dire que le problème des salles d'injection (n'entrons pas dans la bataille de la terminologie à utiliser) est une des plus épineux qui illustre aussi les clivages idéologiques entre ces politiques.
Santé publique pour les uns, "morale" pour les autres est un raccourci de ces clivages; malheureusement la France figure parmi les "moralisateurs". Ce qui est grave chez les idéologues, parmi lesquels se trouve le président actuel de la Mission interministérielle de la drogue et la toxicomanie (MILDT), c'est le fait qu'ils ignorent consciemment les expériences d'autres pays n'appartenant pas à leur camp, ainsi que les avis et travaux des experts qui ne leur conviennent pas. Si Monsieur Apaire étudiait seulement les études faites par lObservatoire européen des drogues et de la toxicomanie (OEDT) à Lisbonne, une agence spécialisée de l'Union européenne... Mais il préfère balayer tout ça d'un revers de main.
Je pense que Michèle a vu juste: pour tous ceux qui ne peuvent (!) ou ne veulent pas abandonner la drogue, en l'occurrence notamment l'héroïne, il y a un devoir absolu de santé publique leur permettre la 'réduction des risque' (risk reduction) ou la 'réduction des nuisances' (harm reduction), en leur fournissant la possibilité de s'administrer la drogue qu'ils ont apportée (on ne leur la donne pas!) dans des conditions hygiéniques et sans stress et aussi par les professionnelles sur place se faire conseiller. Le but principal n'est pas le sevrage mais, comme je viens d'expliquer la réduction des risques ou nuisances.
L'expérience des nombreuses villes européennes ont été sans exception positives et la France et Bordeaux feraient bien de s'en inspirer.
*: J'ajoute aux initiales de mon nom la parenthèse "(le vrai)" car, pour semer la confusion, un loubard qu'on connait bien se plaît à faire sous le pseudo "KF", sur le site de Sudouest et ailleurs, des commentaires malveillants et calomnieux à l'égard de Michèle Delaunay. Le "modérateur" de Sudouest ne veut pas y mettre fin; on peut se demander pourquoi.
Chère Michele, ta tribune est excellente et elle devrait diffusée partout , on est en train de perdre beaucoup de temps et beaucoup de jeunes notamment parce que nous n'avons pas les bons outils , merci