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dimanche 7 septembre 2008

Parti socialiste : la motion Roux-Combalusier

Il y a quelques billets de là (billets du 17 et du 26 août), j'admonestais (!) le Parti socialiste pour
- qu'il choisisse ses batailles
- qu'il formule ses enjeux de manière simple et lisible

Ni l'un, ni l'autre ne sont aisés. En particulier, la formulation de l'essentiel est un art difficile. Je m'y suis essayée dans le même temps que cette admonestation, et en tête de la liste sont venues deux exigences
-remettre en marche l'ascenceur social
-la santé, premier outil d'égalité et d'autonomie

Les deux sont liés, et le second est bien évidemment l'outil essentiel du premier. Pourquoi la mobilité sociale est-elle si importante ? Parce qu'elle est à la fois le moteur et le témoin du "moral" d'une population et la condition qu'y perdure un esprit pionnier. Dans ce sens d'ailleurs, le premier de ma liste (la mobilité sociale) est aussi l'outil du second (la santé) : les sociétés sans moteur social sont celles où les gens vont mal.

Les chiffres français sont médiocres, même si ce ne sont pas tout à fait les pires des sociétés occidentales (Royaume-Uni et Etats-Unis font plus mal). Plus de 60% des Français vivent dans un autre groupe social que leurs parents. Même si la majorité continue de progresser, ils sont toujours plus nombreux à prendre l'ascenceur social dans le mauvais sens. Vingt-cinq pour cent sont aujourd'hui embarqués dans le "déscenseur" contre 18% il y 20 ans. Dans une quinzaine d'années, les chiffres entre montée et descente s'égaliseront. Où est le progrès vers lequel tendent des années et des années de réformes, d'espoirs, de croissance ???

Le plus révoltant est que les femmes, qui ont pourtant de meilleurs résultats scolaires, sont plus nombreuses que les hommes à descendre (28,7% contre 21,9%), même si elles "montent" en même proportion qu'eux.

La démocratisation de l'enseignement (lente, difficile, inégale, mais réelle) n'a pas suffi à promouvoir l'égalisation des chances sociales. C'est un constat lourd d'interrogations.

Quoi faire pour y pallier ?

- La santé. Je sais, je radote. Mais : un enfant né dans une banlieue défavorisée de Glasgow a une espérance de vie de huit ans inférieure à un enfant né à moins de quinze kilomètres de là, dans un quartier huppé (source : OMS) .
- La redistribution des richesses : un enfant de dix ans a huit fois moins de chances de savoir lire s'il est issu d'un milieu aisé ou d'un milieu "ouvrier" (ministère de l'éducation nationale).
- L'éducation dans la petite enfance. Je reviens à l'exemple que je donnais dans les billets cités : nous devons férocement investir dans la formation des éducateurs de crèche et d'écoles maternelles, et favoriser ce mode de "garde" . Et bien d'autres mesures dans ce domaine.

Voilà en tout cas une motion que je signe des deux mains !

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Un très beau "lycée des métiers"

Xavier Darcos, dont l'intérêt pour l'Aquitaine se précise chaque mois (...), est venu hier en personne et en direct annoncer à l'équipe du lycée professionnel Toulouse-Lautrec qu'il était retenu au rang de "lycée des métiers".

L'occasion pour moi de faire connaissance de cet établissement, avec le même bonheur que, quelques jours avant, le lycée Gustave Eiffel. Toulouse-Lautrec, situé en plein coeur de Bordeaux, est un lycée récent, construit il y a dix ans, et d'une belle qualité architecturale. Il est aussi bien doté en équipements qu'en encadrement : 78 enseignants, dont plusieurs professionnels, pour 600 élèves.

De salle en salle, d'atelier en atelier (photographie, tapisserie, prothèse dentaire, couture spécialisée...) la même impression : élèves ayant le goût de ce qu'ils font, enseignants "branchés", suivant au plus près les nouvelles techniques (c'est particulièrement nécessaire pour la photographie), équipements performants, cadre de travail "propre et bien éclairé" comme aurait dit Hemingway. Et surtout au bout du compte : insertion professionnelle garantie. Tous les élèves sont, à la sortie, assurés d'avoir un job.

Une particularité qui m'a touchée spécialement : parmi les élèves, un nombre important de sourds, avec pour les accompagner des instructeurs en langue des signes. J'ai appris à cette occasion que la langue des signes française était devenue une épreuve du bac.

Au passage, je livre une interrogation, à laquelle je n'ai jamais reçu de réponse satisfaisante : pourquoi la langue des signes, qui ne se base sur aucun vocabulaire, n'est-elle pas internationale ? Des sourds m'ont expliqué que quand ils voyagent, ils comprennent assez bien leurs homologues langagiers, mais malgré tout ce sont bien des langues différentes qui sont parlées selon les pays. Quelle merveille ce serait qu'une langue internationale, un esperanto des gestes et des mimiques que même les non-sourds pourraient apprendre !

Nous avons eu récemment à Perrens une belle initiative dont je suis assez fière : financer l'apprentissage par un psychiatre de la langue des signes et mettre sur pied une petite unité. Les sourds ont plus que les autres des difficultés psychiques et ils pourront ainsi être soignés sans intermédiaire, sans traducteur, une tierce personne n'étant pas facilitante entre le praticien et son patient.

Même le mot de "lycée des métiers" est beau, et Toulouse-Lautrec, son proviseur M. Hage et son équipe, répondent bien à ce beau mot.