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vendredi 8 août 2008

Un été avec les Girondins

Non, je ne suis pas au centre du Haillan, en train de suivre à la petite foulée l'entraînement de nos valeureux footballeurs. Cela me ferait le plus grand bien, mais disons le tout carrément, il n'en est rien.

Il y a un an, toute nouvelle députée reniflant les couloirs de l'Assemblée, je me suis aperçue qu'une seule chose touchait mon coeur : penser que j'étais, avec mes commères et compères députés de gauche, l'héritière des "Girondins". "La Gironde", c'était nous, même si nous ne savions pas formellement définir qui était "la Montagne" d'aujourd'hui.

De ci, de là, cela a agrémenté nos conversations. Tout à fait honnêtement pour nous apercevoir que nous n'en savions pas assez sur cette poignée de jeunes gens qui, tels Mendès-France, n'avaient fait qu'un bref passage sous les projecteurs de l'histoire et du pouvoir mais dont le souvenir n'était en aucun cas insignifiant.

Modérés au plus fort de la Révolution, non centralisateurs à l'acmé du pouvoir jacobin, épris de République quand elle n'existait pas encore, ces Girondins depuis lors m'ont accompagnée et je me suis promise de faire avec eux plus solide connaissance.

Je les imaginais (et je les ai décrit à mes collègues députés) comme plus jeunes qu'ils n'étaient. Je les voyais comme une poignée de chevelus (on l'était à l'époque) entre 25 et 30 ans, ils avaient en moyenne 35 ans, plus avancés en âge que leurs comparses montagnards, plus jeunes que celui qui m'est le plus cher : Condorcet.

J'ai à vrai dire bien d'autres raisons de vouloir compagnonner de plus près avec eux. Dans les plus superficielles, le fait qu'il y ait dans mon canton deux quartiers singuliers : les rues de l'un portent les couleurs du Médoc, sans qu'on puisse expliquer vraiment pourquoi, les rues de l'autre portent le nom de quelques-uns des Girondins. Je l'appelle le quartier des Girondins, sans que personne ne voit à vrai dire quel quartier je désigne.Vergniaud a hérité d'une rue non chalande comme il était lui-même. Mais qui le sait ? Et pourquoi les autres, morts avec lui, ont-ils été oubliés ?

Parce que c'est un fait, étrange : la Gironde et Bordeaux ne font guère cas de leurs Girondins. Qui parmi nous se réclame de "girondisme", comme on parle de jacobinisme ? Le mot n'existe tout simplement pas.

Le Conseil Général de la Gironde a eu l'initiative au moment du bicentenaire de la Révolution d'un colloque dont je lis les actes réunis dans un gros et passionnant ouvrage. Mais quatre ans après, y a-t-il eu un seul mot pour évoquer la décapitation de plusieurs d'entre eux place Gambetta ? (On se doute un peu qu'elle s'appelait alors tout autrement !)

En 2013, il y aura 220 ans depuis la mort de mes Girondins.

Vous me voyez venir...

Le sein et le nain, ou de l'humour en politique

L'humour n'est pas le sentiment le plus souvent exprimé par les arts plastiques. Il faut l'immense talent des hommes politiques pour leur ajouter cette dimension.

Jolie rencontre de cette disposition inattendue ce matin dans nos quotidiens : Silvio B et Alain J se sont l'un et l'autre surpassés, Silvio avec Tiepolo; Alain J avec le groupe "Présence Panchounette", largement exposé en ce moment à Bordeaux.

Berlusconi, qui a fait sa fortune comme patron de chaines de télévision où l'on se déshabillait plus souvent que l'on ne discutait du génie de Dante, a fait retoucher "La vérité", une oeuvre monumentale de Tiepolo, qui couvre la salle de presse du siège du gouvernement italien. Délicatement, un sein de la dite Vérité a été recouvert d'un voile pour ne pas apparaître trop crûment dans le cadre où le chef de l'Etat s'exprimait.

Toute l'Italie en rit : Berlusconi qui ne manque jamais l'occasion d'une plaisanterie grasse ne parait pas à ses concitoyens l'homme le mieux placé pour ces pudeurs tardives. Même le directeur du musée du Vatican en a rajouté une couche en rappelant que le Saint Père lui-même ne s'offusque pas des bataillons de nus dont il est entouré. Le fait que le tableau de Tiepolo se nomme "la Vérité", que Berlusconi masque souvent, ne manque au demeurant pas non plus de saveur.

L'humour d'Alain J relève d'une haute finesse politique. Depuis la mi-juin, le nain géant "dwarf-dwarf" du groupe présence Panchounette trônait au centre du jardin de la mairie, faisant le bonheur des mariés qui se faisaient photographier à ses côtés. Tout géant qu'il est, Dwarf-dwarf n'en est pas moins à l'évidence un nain un peu ridicule, menton en l'air, main levée, la mine conquérante.

A l'occasion de la visite de Nicolas Sarkozy, le nain a mystérieusement disparu. Des fois que le Président, ou quelque mauvais esprit, y verrait une allusion inopportune à sa petite taille... Quant à la Mairie, elle se défend mollement d'un lien entre la visite présidentielle et la relégation du nain.

Honni soit qui mal y pense.