Anorexie mentale : oui, à la pénalisation de l’incitation à la privation de nourriture

Le 15 avril viendra en discussion à l’Assemblée Nationale la proposition de loi visant à combattre l’incitation à l’anorexie. Contrairement à la position du groupe socialiste, Michèle Delaunay votera cette proposition de loi.

L’anorexie mentale constitue un réel problème de santé publique par le nombre des personnes touchées (environ 40 000), par l’augmentation de ce nombre et par la gravité de la maladie (5,6% de mortalité à dix ans, et 20% à long terme).

Plus encore, c’est un problème humain, expression et source d’une grande souffrance pour les personnes touchées et générateur de souffrances et de drames familiaux. Le rôle de l’imitation dans sa genèse n’est pas établi et cela constitue une des limites du projet de loi. Cependant l’image du corps maigre à l’excès constitue un appui aux pratiques anorexiques. L’existence de sites véhiculant ces images, prônant la confusion entre beauté/séduction et surtout perfection, avec la maigreur (« be perfect, be skinny »), expliquant les « trucs » pour ne plus manger et maigrir beaucoup et vite, et enfin créant une sorte de mouvement quasi sectaire pour les adeptes de la grande maigreur, constitue un appui pour les pratiques anorexiques. Les malades n’y apparaissent pas comme des malades mais comme porteurs d’un idéal de vie et de beauté, se reconnaissant entre eux par le port d’un bracelet rouge.

Des dispositifs légaux existent déjà pour punir les infractions de mise en danger d’autrui et d’incitation au suicide . Force est de constater que, dans le cas de l’anorexie, et en particulier à l’encontre des sites y incitant, ils ne sont pas mis en œuvre.

La loi proposée prévoyant de punir de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende le fait d’inciter une personne à se priver d’aliments de façon persistante ne constitue en rien une politique de santé publique véritable ; pas davantage, elle ne répond aux interrogations que pose l’augmentation considérable de la fréquence des troubles alimentaires, dont un seul est évoqué dans la loi. Cependant elle a l’intérêt de mettre le gouvernement et la justice « au pied du mur » . Si cette loi est adoptée, nul ne pourra se dédouaner si les sites dangereux ne sont pas contrôlés ou interdits.

Pour cette raison et contrairement au groupe socialiste, qui s’abstiendra sur ce texte, Michèle Delaunay votera la proposition de loi.