Dans le silence bavard du jardin

samedi 12 avril 2008

Dans le silence bavard du jardin

Par Michèle Delaunay, samedi 12 avril 2008 à 10:23 dans Journal

Minuscule promenade dans le silence bavard du jardin. On dit trop souvent que les oiseaux chantent : la plupart du temps, ils parlent.

Petit brouhaha de paroles émises dans tous les sens, sur tous les tons dans l'atmosphère du lever du jour, et aussi à certaines heures dont la rythmicité m'échappe. A l'instant au contraire, de rares paroles, échangées d'une branche à l'autre, presque en catimini, un peu comme à la messe.

Il y a quelques mois, "éco-emballage" avait eu l'idée d'une réclame (oui, je sais, maintenant on dit "pub" !) charmante à la radio : un concert d'oiseaux pépillant sur tous les tons était décrypté par une voix humaine, qui suivait les tons et les modulations, pour vanter l'éco-emballage et le respect de la nature.

Oui, je sais aussi, maintenant on dit "la planète".

C'était charmant et c'est un peu à l'aguêt de quoi j'étais tout à l'heure, avant de venir le retranscrire sur mon ordi. Les oiseaux disaient qu'ils étaient petits et fragiles ; et aussi que ce clair de soleil n'allait pas durer, qu'un peu plus haut dans le ciel, il y avait des ombres grises et une odeur de pluie.

Alors je suis rentrée parce que j'ai eu peur d'oublier toutes ces petites phrases qu'ils avaient dites.

Commentaires

1. Le samedi 12 avril 2008 à 10:31, par Eric

Extrait d'un papier du Monde informatique de ce matin, sous le titre "un mauvais signal"

"En catimini, à la faveur d'un plan de réduction des dépenses publiques, le gouvernement a donc signé, sans la moindre concertation, l'acte de décès de la carte Famille nombreuse. Pour y parvenir, l'Etat a tout simplement supprimé la subvention de 70 millions d'euros qu'il versait à la SNCF au titre des tarifs sociaux.

Le gouvernement a aussi agi avec une fâcheuse désinvolture. L'entreprise publique a été mise devant le fait accompli. Et les ministres ont fait entendre une parfaite cacophonie, loin de l'"harmonie" réclamée par Nicolas Sarkozy. Quand certains se veulent rassurants et affirment (à bon compte) que des réductions pour les familles nombreuses seront maintenues, d'autres, et non des moindres, déplorent la disparition d'un des symboles majeurs du pacte social.

Créée en 1921, bénéficiant à 2,2 millions de familles de trois enfants et plus, la carte Famille nombreuse offre des réductions de tarif de 30 % à 75 %, étendues, en 2006, à près de cinquante enseignes commerciales. Au fil des ans, elle est devenue un symbole, parmi d'autres (allocations, aides au logement, crèches), d'une politique familiale généreuse, sans conditions de ressources, qui a indéniablement favorisé la natalité. En 2006, la France a affiché le meilleur taux de fécondité en Europe, dépassant l'Irlande. Et, en 2007, si le nombre des naissances a fléchi, il reste supérieur à 800 000. Ce dynamisme démographique est un indéniable atout pour le pays, moins touché que beaucoup d'autres par le vieillissement accéléré.

La fin de la carte Famille nombreuse traduit aussi les changements accélérés de la société française. Hier vitrine sociale avec la carte Famille, puis, en 1936, les billets de congés payés, la SNCF est aujourd'hui une société commerciale plus soucieuse de concurrence et de bénéfices que de ces symboles d'une autre époque. Elle ne s'adresse plus à des usagers du service public, mais à des clients, à qui elle va proposer "d'autres produits commerciaux à destination des familles". Pour la politique familiale, le remplacement de la solidarité nationale par des offres commerciales n'est pas une bonne nouvelle."

2. Le samedi 12 avril 2008 à 11:19, par Colette

Les oiseaux des jardins tels les moineaux, les bergeronnettes et tant d'autres sont petits et fragiles, et cependant leur corps repose sur deux fines, très fines pattes qui soutiennent parfaitement le volume du corps,au-dessus : c'est toute la merveille de la nature et de la vie.

3. Le samedi 12 avril 2008 à 13:40, par Pierre C.

je me souviens de cette publicité et j'avais trouvé qu'elle était formidablement bien faite.

4. Le samedi 12 avril 2008 à 16:28, par douce-amère

J'aime bien regarder, ressentir "les jardins des autres". J'aime bien me laisser frôler par une branche de lilas qui se balance côté rue. J'aime bien le parfum des giroflées. J'aime bien les oiseaux fous de printemps. J'aime bien vos fenêtres qui s'ouvrent sur la vie. C'est sans doute pour celà et pour d'autres raisons que je viens vous visiter sans franchir la porte.

5. Le samedi 12 avril 2008 à 19:48, par michele

J'aime bien toutes ces choses que vous aimez bien, douce-amère.

6. Le samedi 12 avril 2008 à 20:43, par Lecteur

À propos de vocabulaire, de français tout court :

X. Darcos se distingue. Qui ne sait pas qu'il est agrégé de Lettres ? Notre cher ministre, pourtant, sèche lamentablement à la question : quel est le passé antérieur du verbe naître ? Surveillez le zapping !

Autre panne sèche : au sujet de la règle de 3 : à la question du style : 14 kilos de bananes coûtent 56 euros, quel est le prix de 4 kilos ? Il ignore la règle de 3 (pas même de tête), et cale.

Tant qu'on y est : petite récréation instructive :

Comment et pourquoi se fait-il qu' "aller-retour", "réveil-matin", "porte-plume" ne prennent pas d' "s" à la fin, quand ils sont au pluriel ?

(aide : pour une fois, le français n'est pas illogique...).

7. Le samedi 12 avril 2008 à 23:35, par michele

le français, comme la grammaire, et bien souvent comme aussi le droit, non seulement ne sont pas illogiques, mais ont du bon sens. On ne réveille pas plusieurs matins, quand on est une fille, l'accord du participe s'entend à l'oreille, et des tas d'autres choses comme ça, qui sont comme les relations entre les humains : simples si on y pense un peu.

Pour les temps des verbes, c'est plus compliqué, parce que leur dénomination est si compliquée elle même qu'on ne sait pas toujours où aller chercher : le pire de ce point de vue est le futur antérieur ! Quel nom défiant toute logique !

8. Le samedi 12 avril 2008 à 23:35, par michele

le français, comme la grammaire, et bien souvent comme aussi le droit, non seulement ne sont pas illogiques, mais ont du bon sens. On ne réveille pas plusieurs matins, quand on est une fille, l'accord du participe s'entend à l'oreille, et des tas d'autres choses comme ça, qui sont comme les relations entre les humains : simples si on y pense un peu.

Pour les temps des verbes, c'est plus compliqué, parce que leur dénomination est si compliquée elle même qu'on ne sait pas toujours où aller chercher : le pire de ce point de vue est le futur antérieur ! Quel nom défiant toute logique !

9. Le dimanche 13 avril 2008 à 17:44, par rosa et Missie

J'aime bien moi aussi toutes ces choses qu'aiment bien douce amère et michèle !

le beau temps hélas n'a pas continué.

10. Le dimanche 13 avril 2008 à 19:17, par "Passim"

Je viens régulièrement "visiter" votre site mais je ne "franchis pas souvent la porte", comme le dit si joliment "Douce-amère". Et cependant en lisant ce billet, Madame, écrit avec une sensibilité qui ne peut que toucher, ma mémoire m'a immédiatement restitué (et c'est étrange) une chanson que j'ai entendue peut-être une fois, guère plus, dans mon enfance. Air et paroles sont instantanément revenus et je ne crois pas avoir les avoir ré-entendus de nouveau :

"Un oiseau chante dans mon coeur/ Et sa chanson est douce comme une caresse/ Un oiseau chante dans mon coeur/ C'est le printemps tout est joyeux, tout est en fleur(s)/ Il fait si bon sous les lilas..."

Bon, j'ai mis "en fleur" avec un S facultatif car je ne sais pas ce que la logique de notre langue demande, parce qu'il me semble bien, "Lecteur" et peut-être pourriez-vous éclairer ma lanterne, qu'on puisse écrire des "allers-retours, que porte-plume puisse prendre, facultativement certes, un pluriel : porte-plume(s) ; après tout pourquoi ne porterions-nous la plume qu'une fois ou pourquoi n'en n'userions-nous qu'une fois ? En revanche "réveille-matin" reste bien invariable, et alors là, bonjour le bon sens pour nous pauvres gens qui n'arrêtons pas d'avoir depuis un certain printemps 2007 des REVEILLE-MATIN douloureux. Puisse le bon sens français, à l'instar de la langue française, redevenir enfin logique et nous offrir UN REVEILLE-MATIN porteur d'espoir !

Pour moi, même si je ne me réveille qu'une fois le matin, chaque matin me désespère.

11. Le dimanche 13 avril 2008 à 19:19, par "Passim"

Je viens régulièrement "visiter" votre site mais je ne "franchis pas souvent la porte", comme le dit si joliment "Douce-amère". Et cependant en lisant ce billet, Madame, écrit avec une sensibilité qui ne peut que toucher, ma mémoire m'a immédiatement restitué (et c'est étrange) une chanson que j'ai entendue peut-être une fois, guère plus, dans mon enfance. Air et paroles sont instantanément revenus et je ne crois pas avoir les avoir ré-entendus de nouveau :

"Un oiseau chante dans mon coeur/ Et sa chanson est douce comme une caresse/ Un oiseau chante dans mon coeur/ C'est le printemps tout est joyeux, tout est en fleur(s)/ Il fait si bon sous les lilas..."

Bon, j'ai mis "en fleur" avec un S facultatif car je ne sais pas ce que la logique de notre langue demande, parce qu'il me semble bien, "Lecteur" et peut-être pourriez-vous éclairer ma lanterne, qu'on puisse écrire des "allers-retours, que porte-plume puisse prendre, facultativement certes, un pluriel : porte-plume(s) ; après tout pourquoi ne porterions-nous la plume qu'une fois ou pourquoi n'en n'userions-nous qu'une fois ? En revanche "réveille-matin" reste bien invariable, et alors là, bonjour le bon sens pour nous pauvres gens qui n'arrêtons pas d'avoir depuis un certain printemps 2007 des REVEILLE-MATIN douloureux. Puisse le bon sens français, à l'instar de la langue française, redevenir enfin logique et nous offrir UN REVEILLE-MATIN porteur d'espoir !

Pour moi, même si je ne me réveille qu'une fois le matin, chaque matin me désespère.

12. Le dimanche 13 avril 2008 à 19:58, par Colette

Combien de choses avons nous tous en commun ! c'est plutôt rassurant, sauf les réveils plombés, chaque matin, à reprendre conscience que.

J'aime les lilas, mes fleurs préférées ou presque, n'en ai plus près de moi depuis longtemps, et n'en vois guère dans Bordeaux. Où peut-on en apercevoir, Douce-Amère, auriez-vous fait, non une carte du tendre, mais une carte de géographie locale du doux, du fleuri, du parfumé, de la caresse de la brise dans les arbres en fleurs ?
Je milite activement pour la réintroduction de ces arbres un peu oubliés, qui ne demandent presque aucun soin. Dans mon enfance, Ils étaient fort bien dessinés dans un livre qui racontait l'histoire de Blandine, Bonne-Biche et Beau Minon. Que de rêves, à partir de là...
Je remercie mes vieilles voisines qui n'ont jamais fait réparer le grillage disparu par vétusté entre nos jardins et savaient pertinemment que j'allais piquer dans leur parterres quelques fraises des bois : elles étaient aussi là pour moi et je ne l'ai compris que bien plus tard.

13. Le lundi 14 avril 2008 à 22:33, par Lecteur

@Passim

Des réveille-matin, c'est clair. De même, un porte-plume ne porte qu'une plume : des porte-plume.

Et, il n'y a bien qu'un retour par aller-retour : des aller-retour !

14. Le mardi 15 avril 2008 à 12:42, par "Passim"

Merci "Lecteur" pour vos éclaircissements. Mes professeurs ont essayé de m'inculquer cette "discipline orthographique [qui] va plus loin qu'on ne croit", comme le remarquait Alain (Emile Chartier), et qui implique la rigueur et, peut-être parfois, l'intransigeance. Ainsi si vous consultez André Jouette, "Dictionnaire d'Orthographe et expression écrite", Le Robert, 1993, il semblerait qu'on puisse, aujourd'hui, écrire des allers-retours et des porte-plume(s). Je n'ai pas encore regardé le "Trésor de la langue française". En revanche le "Robert" que je possède est strict pour le pluriel des "aller-retour" et celui des "porte-plume" ! Mais il est vrai que le mien date de 1970.

Bien que ne voulant pas encombrer ce blog, je me permets de conter une anecdote à propos des verbes pronominaux. Je demandais à une amie, agrégée de grammaire, un truc pour l'accord des verbes pronominaux, le casse-tête à l'état pur (invariable au pluriel : des casse-tête). Sa réponse fut on ne peut plus évasive : "tu accordes 2 fois sur trois"...

Je vous remercie de votre réponse et prie madame Delaunay de m'excuser pour ces digressions fort éloignées de ses préoccupations.