Plan Alzheimer : quel financement ?

Par Michèle Delaunay, mercredi 6 février 2008 à 16:00 dans Journal

Monsieur le Président, Chers Collègues,

Ma question s’adresse à Mme la Ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports.

Le plan Alzheimer vient enfin d’être présenté par le Président de la République. Attendu par tous, eu égard à la gravité de la maladie et au nombre croissant de malades, un million bientôt, il pose le problème de son financement.
Les propositions correspondent exactement, en terme de nombre de places crées en établissement et de renforcement de personnels, au plan de "solidarité grand âge" annoncé en 2006. Deux ans se sont écoulés et ce plan n’a jamais été financé . La « maison de retraite de demain » que vous nous promettiez, nous n’avons pas toujours pas vu la première pierre !

Vous prévoyez 1,5 milliard pour le plan Alzheimer ; cela n’est pas excessif et, après tout, ne représente que le dixième de ce que vous avez donné aux plus riches en juillet ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP et du groupe NC ; applaudissements sur les bancs du groupe SRC et du groupe GDR) . Sur cette somme, 400 millions proviendront des franchises médicales ; ce sont donc les plus pauvres et les plus malades qui paieront pour les plus vieux et les plus vulnérables, alors que par exemple, la taxation des stockoptions a été soigneusement évitée.

Vous renversez le principe de la protection sociale (« C’est faux ! » sur les bancs du groupe UMP et du groupe NC), selon lequel chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins.
Reste à trouver 1,1 milliard, qui n’apparaît nulle part dans le budget que nous avons voté ; qu’avezvous donc prévu ?

Le sujet est trop grave ; nous n’avons pas besoin d’annonces, mais de certitudes. Quel plan de rigueur sortirez-vous de vos cartons, après les élections municipales, pour financer la perte d’autonomie ?

M. le Président – Veuillez posez votre question.

Mme Michèle Delaunay – Et quelle part ferez-vous aux assurances privées, que seuls les plus riches peuvent payer ?

Madame la ministre, Ma question est double :
- poursuivrez-vous longtemps cette politique selon laquelle les malades doivent payer pour les plus malades et pour leur fin de vie ?
-Comment financerez-vous l'ensemble du plan Alzheimer ? Nous voulons une réponse précise (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et du groupe GDR).

Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse et des sports – Il n’est pas inutile de rappeler l’enjeu de santé publique que représente la maladie d’Alzheimer, véritable drame pour les malades et leurs familles. C’est la raison pour laquelle le Président de la République a annoncé à Nice, le 1er février, un plan d’une ampleur, inégalée, de 1,6 milliard. La plus grande partie de ce plan, consacrée au secteur médicosocial et pilotée par M. Bertrand et Mme Létard, est dotée de 1,2 milliard (Applaudissements sur les bancs du groupe NC), pour la création de places de toute nature. Par ailleurs, 200 millions seront confiés à Mme Pécresse pour le financement de programmes de recherche ambitieux. Enfin, comme je l’ai dit à M. Leonetti, 226 millions iront au secteur sanitaire – dont, pour ne donner qu’un seul exemple, 14,4 millions à une fondation pour la recherche clinique. Il était temps de prendre nos responsabilités et de trouver des financements. Les franchises médicales... M. Patrick Roy – Haro sur les malades ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP et du groupe NC) Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé – ..., qui rapporteront 850 millions par an, y contribueront, avec les partenaires que sont l’État, l’assurance maladie et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (Brouhaha sur les bancs du groupe SRC et du groupe GDR). Nous n’avons pas voulu jouer l’irresponsabilité, mais mettre les gardefous qui, avec les franchises, vont protéger les plus faibles (Vives exclamations sur les bancs du groupe SRC et du groupe GDR) , tout en assurant un financement pour ces nouveaux enjeux de santé publique. Chaque année, un rapport remis au Parlement indiquera l’utilisation des franchises et rendra compte de l’évolution du plan Alzheimer (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et du groupe NC).

Commentaires

1. Le mercredi 6 février 2008 à 16:46, par frederic

je vous ai interpellée sur ce point suite à de mauvais contacts à l'hôpital et je suis heureux que vous vous penchiez sur ces questions. Ma mere débute la maladie, elle est seule chez elle, c'est la panique pour elle et pour nous.
je vous donne mon adresse et je vous demande rendez vous sur le contact.

2. Le mercredi 6 février 2008 à 16:46, par frederic

3. Le mercredi 6 février 2008 à 16:53, par M.A.

sur les actualités de mon ordinateur, j'apprends à l'instant que Sarkozy annonce le versement d'une prime de 200 euros pour les bénéficiaires du minimum vieillesse.

Il comprend un peu tard le désamour de son électorat âgé (celui qui l'a porté au pouvoir). Deux cent euros, c'est rien pour carla , quelque chose pour ceux qui n'ont rien, mais ça fait quand meme un peu petit cadeau de fond de tiroir avant les élections. Est-ce qu'il offre quelque chose avec les deux cent euros (une pendulette de taiwan, des chaussons faits en chine...?

4. Le mercredi 6 février 2008 à 16:59, par delprat-virol mireille

Ce brouhaha politique de non réponse et d'effet d'annonce alors qu'il est crucial d'avancer , cette inégalité exponentielle entre les avantages aux riches ( ISF et cadeau fiscal ) et la part au plan Alzheimer ; est semblable à la valeur du malade ( de maladie orpheline !!! ) face aux lobbyings des laboratoires pharmaceutiques et leur recherche de profit .
Effet placebo mais au quotidien des souffrances face à l'aimée ( qui ne parle plus, ne sait plus qui elle est , ne marche plus, ne sait plus écrire ni lire ni même épeler ) le sentiment d'impuissance est toujours là.
Et rien ne se fait !!!

Quand d'un protocole et d'essai de médicament, avec ses effets et séquelles et difficultés à supporter ( un : jambes lourdes et oedèmes, l'autre : nausées et vomissements, puis un avec diarrhées , puis rétention d'eau... ) vous passez à un autre et à l'infini jusqu'à épuisement .
Serait il " meilleur des mondes" que de croire qu'un tel médicament puisse se penser et se réaliser sans se soucier que le laboratoire perde au bout de X années son droit de propriété sur la molécule et son chiffre d'affaires inhérent.
Doit on faire passer les décideurs dans les étages de gériatrie ( où plus on monte plus l'espoir s'amenuise , SIC : " plus près du ciel " )?

Où les patients retrouvent leur langue enfantine et râlent et hurlent Maman / Mama / Madre / Ama en basque...

Où l'équipe fait ce qu'elle peut en sous effectif chronique et manque de moyens .

Où les vigies des accompagnants sont des amers amers.

Oui là la Médiatisation , la Surmédiatisation et non sur qui couche avec qui !!!

5. Le mercredi 6 février 2008 à 17:13, par Gérard ELOI

Si je comprends bien, sur 1,5 milliard "promis" (comme par hasard la veille des municipales et cantonales), on n'est sûr de récolter que les 400 millions...imposés aux malades par les franchises médicales !

Autre question : avec les caisses qu'on a avouées vidées, où ira-t-on chercher les 200 euros "promis" aux bénéficiaires du minimum vieillesse, et évoqués au commentaire 3 par M.A. ?

C'est vrai, faudra rien donner à Mital : l' Europe refuse ! Pauvre président, qui avait montré tant de bonne volonté...

6. Le mercredi 6 février 2008 à 21:40, par Jacqueline

Michèle Delaunay, Frédéric, Mireille Delprat-Virol : Quand on ne parle pas, quand on n'écrit pas pour remplir du vide, quand les mots sont lourds de sens, denses, tellement évidents à comprendre, pas trichés. Que sont les mots de madame Bachelot dans tout cela ? Bulles de savon, politicaillerie.

7. Le mercredi 6 février 2008 à 22:12, par docadam

petit complément d'informations... je suis médecin en EHPAD, et dans une des 1ères structures de Gironde disposant d'une unité spécifique pour patient Alzheimer, un accueil de jour et des places d'hébergement temporaire. Cet établissement est habilité à l'aide sociale. Il est géré par une association à but non lucratif qui se bat au quotidien pour mener son projet.
Nous avons besoin de moyens, pour payer le personnel, pour renforcer l'équipe. Mais nous avons aussi besoin du soutien de nos tutelles et particulièrement du conseil général...Et en Gironde, on peut clairement faire mieux...
Il y a donc urgence à se poser cette question localement avant d'aller "plomber" par une politisation mal venue, un débat national pour ne pas oublier le poids humain de cette maladie.
amicalement