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mercredi 28 novembre 2007

Double vie...

Dans le train de nouveau, celui du retour de Paris, où j'atteris toujours un peu comme une bienheureuse après des journées remplies à ras bord. Trois heures devant moi avec dossiers et journaux, et bien sûr mon ordi, aussitôt déployé devant moi.

Moment de halte, malgré la vitesse qui en ce moment fait vibrer le train. Je ne rebranche pas le téléphone pour bien préserver la parenthèse entre vie parisienne et retour à Bordeaux. Je dis "vie parisienne", c'est un bien grand mot, je ne parviens jamais à sortir de l'Assemblée qui est un microcosme protégé, et certainement lui aussi un "ghetto" où parlementaires, assistants, personnel de l'Assemblée vivent au rythme des séances, des commissions et des groupes de travail. On marche à pas précipité dans les couloirs, échangeant sourires et signes de tête, tout le monde est toujours plus ou moins en retard pour arriver au point où à lieu sa réunion ou sa séance.

Mes assistantes, qui sont plutôt (heureusement) joyeuses et taquines parlent de "garde alternée" de la députée. Et comme les enfants en effet, je prépare mon cartable et mon gros sac avant de passer d'un domicile dans l'autre. Vaillament, comme les gamins.

Une vie un peu agitée au total, mais sans conteste pleine d'intérêt et que j'espère matérialiser positivement pour ceux qui m'en ont confié le mandat.

Violences, ghettos et drogue

Villiers-le-bel, Cergy, Ermont, Goussainville... Comment ne comprend-on pas que la question essentielle est la ghettoisation de notre société et de notre pays. Ghettos de pauvres, ghettos d'étrangers, ghettos de sans-emploi, et là-bas, plus loin, quelque part, ghettos de riches, "hauts-quartiers", codes d'accès, au propre et au figuré...

Je n'ai jamais compris pourquoi les gosses des banlieues n'allaient pas casser à Neuilly, plutôt que d'attaquer leur école, leur bibliothèque, la voiture de leurs parents. Mais c'est une autre histoire.

La première réponse aux problèmes des banlieues, c'est celle-là : arrêter de mettre de l'habitat social là où il n'y a que cela, créer des emplois sur tout le territoire et ne pas laisser s'élargir comme des flaques d'huile prêtes à s'enflammer la périphérie des grandes villes.

Un autre problème, et je suis sidérée de ne pas en entendre parler, c'est la drogue. Volonté (louable) de ne pas stigmatiser ? Crainte ? Sentiment d'impuissance ? Le fait est qu'on n'évoque pas son rôle à la fois dans la crise fondamentale des banlieues et dans leur capacité d'embrasement soudain.

On glisse quelque fois le mot "économie souterraine", sans dire même laquelle. Cette économie souterraine, ce sont les dealers, et d'abord ceux qui fournissent la drogue aux quartiers et qui embauchent des gamins pour la revendre et pour "contaminer" toute leur génération. Ces dealers vivent de la désespérance, de la vulnérabilité, de l'inactivité des enfants des banlieues. Ils n'ont aucunement intéret à ce que leur situation soit meilleure. Le malheur et la haine sont leur fond de commerce : la drogue les entretient et les démultiplie.

Le rôle de la drogue dans l'éclatement des violences est également évident. Tous les psychiatres, et en particulier ceux qui s'occupent d'enfants et d'adolescents, le savent et le disent sans être entendus : la consommation de drogue éxacerbe cette "perte de contrôle" qui est sans doute la marque de notre temps et génère la quasi-totalité des actes de violence des jeunes.

Nous avons bien sûr débattu hier à l'Assemblée des événements de Villiers le bel. La violence a changé de nature. Ce n'est plus un grand jeu vidéo, mais la volonté de tuer que les policiers ont rencontré. Il y a un niveau de désordre, dans les groupes comme dans la tête des individus, que n'atteint plus aucun résonnement.

Notre groupe a insisté sur deux points
-ouvrir tout de suite une enquête judiciaire sur la mort des deux jeunes gens
-remettre en place une police de proximité
Je reviendrai sur ces points.