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mardi 18 septembre 2007

Immigration : le leurre de Brice Hortefeux

Après avoir entendu le ministre Brice Hortefeux et Thierry Mariani, rapporteur de la loi "immigration maîtrisée", je suis de plus en plus convaincue que la loi qui nous est aujourd'hui proposée est en grande partie un leurre à visée électorale.

La loi comporte ce qu'il faut de provocant (l'amendement Mariani sur les tests ADN) pour enflammer la presse et faire très justement se soulever l'opposition. En réalité, cette loi n'a pas d'utilité nouvelle ; trois l'ont précédée depuis 2003, régissant à peu près les mêmes sujets et en particulier le problème des mariages de sujets français avec des étrangers. La pratique quotidienne nous montre que malheureusement l'arsenal législatif permet de durcir l'attidude de l'Etat au gré des gouvernements sans qu'il soit nécessaire de changer la loi. Les quotas fixés actuellement aux préfets le démontrent.

Le problème est me semble-t-il d'occuper l'opposition, en balançant devant elle ce chiffon rouge, comme le matador le fait devant les yeux du toro. Et plus encore de satisfaire l'opinion, en la divertissant là aussi des problèmes et des échecs réels de Sarkozy et des gouvernements précédents. Nous avons écouté aujourd'hui à plusieurs reprises ce leit motiv : 74 % des Français sont favorables à la limitation de l'immigration et donc favorables à cette loi.

Qui peut n'être pas favorable à la régulation, au contrôle de l'immigration, non plus que souhaiter que les personnes accueillies le soient dans des conditions décentes qui leur permettent de trouver leur place socialement et professionnellement ? C'est à cela que les Français répondent quand la question leur est posée.

Une autre raison m'amenant à croire que cette loi n'est qu'un leurre destiné à donner du grain à moudre à l'opinion, c'est le nombre relativement réduit des personnes concernées : les époux ou épouses étrangers de Français, les enfants de résidents légaux ou de Français d'origine étrangère. Il est difficile de donner un chiffre précis : probablement quelques milliers au regard des 300 à 400 000 étrangers irréguliers sur le territoire.

J'ai quitté la séance, qui reprend ce soir en nocturne, pour aller à une autre réunion. Je suis un peu mal assurée dans ce que je viens d'écrire mais il me semble que cette impression que la loi est utilisée à des fins autres que législatives gagne du terrain dans nos rangs.

		

Rentrée des classes

Je me mets au travail avec un vrai plaisir dans mon bureau tout blanc. Preuve s'il en était besoin que ce dont je rebats les oreilles de tout ce qui m'entoure est vrai: les conditions de travail sont aussi importantes que le temps de travail. Une école qui n'est pas claire, propre, bien éclairée, gaie ne donnera aux enfants "le goût de l'étude" (même l'expression "goût de l'étude" est maintenant un peu désuète quand elle serait si opportune dans ces temps où la finalité du travail est si durement mise en question).

Tout à l'heure je vais rejoindre le bureau des vice-présidents, puis la première séance du groupe socialiste. A quinze heures, ouverture de la nouvelle session extraordinaire avec la loi "Maîtrise de l'immigration, intégration, asile". L'intitulé des lois n'est jamais innocent et il n'est pas mauvais d'en analyser chaque mot.

Pour moi, cette loi a été bien introduite par le rappel à l'ordre que m'a adressé M le Préfet apprenant (par un courrier de ma part) que je m'appretais à célébrer un parrainage républicain. Savons-nous assez en effet que tout citoyen français qui "facilite l'entrée ou le séjour" d'un étranger en situation irrégulière" est passible d'une amende et d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à cinq ans ? La simple aide, l'accompagnement d'un immigré dans cette épreuve qu'est de vivre, souvent de survivre, dans un pays qui n'est pas le sien et dont il a à apprendre la langue relèvera-t-elle bientôt dans les faits de la justice ?

J'ai fait trois parrainages républicains de personnes étrangères (les deux précédents, il s'agissait de fratries d'enfants). Jamais je n'avais reçu semblable rappel. La convocation des préfets par Sarkozy n'est sans doute pas pour rien dans ce durcissement.

Mesure d'intimidation sans doute pour les prochains élus, ou non élus, qui souhaiteraient parrainer. Quant à nous, nous demeurerons dans l'attitude de responsabilité et de mesure qui est la nôtre. Accompagner, soutenir, aider, ceux qui par leur travail, leur apprentissage du français, leur situation familiale ou leur santé, méritent qu'on les reçoive dans notre communauté de citoyens et de frères humains.