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Beau, très beau meeting ce soir autour de François Hollande. Les lecteurs du blog auront remarqué que je ne suis pas une adepte de l’adoration de masse, ni du compliment au mêtre. Mais ce soir était un beau soir, autour d’une personnalité certainement fort complexe, mais fondamentalement généreuse d’elle-même, ce qui est pour moi une des clefs d’une grande personnalité politique.

Je ne connais pas François Hollande, en dehors d’un nombre déjà conséquent de rencontres et de meetings à Bordeaux. La première remonte à 2001 : je venais de débarquer sur la liste municipale de Gilles Savary, comme un OVNI tombé de la planète médecine. On ne se bousculait pas pour soutenir Gilles dans la difficile bataille contre Alain Juppé. Hollande était venu, pour une rencontre, attentif à chacun, paraissant connaitre tout le monde, et surtout laissant ceux à qui il avait parlé plus heureux, plus détendus qu’ils ne l’étaient avant ce court échange. Les deux personnalités sont différentes en tout, mais Jacques Chaban Delmas avait aussi ce pouvoir : faire plaisir, être agréable par sa seule proximité. Je ne trouve sans doute pas les mots exacts, mais c’est une chose très importante et très frappante.

Hollande a en plus de cette gentillesse naturelle, deux incroyables qualités : c’est un grand orateur et il est plein d’un humour fin, toujours à propos, jamais acide. Désarmant.

Un trait de cet humour, lorsqu’il venu il y a une semaine à Merignac. Nous faisions une photo de groupe, lui bien sûr au premier rang. Tout d’un coup, il fait semblant d’avoir reçu un coup de poignard dans le dos, et il se retourne vers une militante fabius d’un courant un peu éloigné de lui dont il avait deviné la présence. « Ah, Fabienne, il n’y a que toi, pour faire ça aussi bien.. ». On peut ne pas le croire, mais c’était désarmant de gentillesse. Fabienne, qui avait en effet guerroyé avec lui, a éclaté de rire. De tout autre, cela aurait pu paraître une vacherie ; ça ne l’était pas . Au contraire, cela a désarmé toutes les tensions qui pouvaient rester entre eux.

On se doute que Fabienne n’est pas le prénom de la militante. Je l’ai choisi à cause de la place du Colonel Fabien, sans savoir pourquoi d’ailleurs…

Ce soir, c’était Hollande l’orateur, épuisé, la voix cassée, transpirant dans une salle surchauffée mais forte de plus d’un millier de militants. Avant le meeting, il était venu à notre permanence de la rue Nancel Pénard : il ne pouvait déjà presque plus parler, on avait envie de demander à tout le monde de partir pour lui permettre de se reposer. Il n’a pas fait de pause et il est aussitôt parti à Mérignac où avait lieu le meeting

Hollande ne fait jamais deux fois le même discours. Comme tous, il a certainement en tête des pièces du kit, des morceaux qu’il recompose au gré de son improvisation. Mais l’essentiel du discours vient au fil de l’esprit et du verbe. Toujours émaillé de traits d’humour, très fins, et auxquels il donne du relief par des changements de ton, dignes d’un grand comédien. Mais Hollande n’est pas un comédien.

On a compris que j’ai de la sympathie pour lui. J’admire en particulier en lui , comme en Ségolène d’ailleurs, l’absence de toute familiarité, de toute complaisance, susceptibe de livrer au public le lien entre eux. Sa seule « privauté », fut un quart d’instant de silence entre deux membres de phrase « Je suis fier -silence- en ma qualité de premier secrétaire du parti socialiste -silence- de Ségolène Royal candidate ». J’ai bien conscience de ne pas pouvoir rendre la finesse et la discrétion de ces deux silences. Rien d’autre. On est loin de l’étalage médiatique Cecilia et Sarkozy.

La presse rendra demain le contenu de son discours, d’égale qualité que sa forme. Ce soir je voulais m’en tenir à des notations plus personnelles pour le remercier de nous avoir tous portés et enchantés.

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