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Il y a une longue distance sémantique entre « euthanasie » et « droit de mourir dans la dignité »… Essayons-nous à l’éxercice par des voies à la fois pragmatiques et détournées.

En 36 ans d’éxercice de la cancérologie (d’abord non majoritairement, puis exclusivement), pas un seul malade ne m’a demandé de l’aider à mourir. Les familles, oui, souvent, et cela allait de la compassion véritable au désir pur et simple que « ça finisse » (« on va quand même pas faire la route tous les jours de Périgueux à Bordeaux… »).

Dans ce même temps, et surtout dans les 20 dernières années, je peux assurer que nous avons calmé la douleur de manière quasi-totale (que le patient ne souffre plus du tout) et dans la quasi-totalité des cas, comme le prévoit et le permet la loi Léonetti, c’est à dire, non rarement, en prenant des risques vitaux.

A la suite de la mort de Chantal Sébire, une journaliste de France info m’interroge : au regard de votre expérience, pensez-vous que la loi actuelle suffise ou faut-il aller plus loin ?

Mon opinion est que dans l’immense majorité des cas (voir ce que j’ai écrit sur ma pratique personnelle), la loi actuelle suffit. Il faut qu’elle soit mieux connue, mieux comprise, mieux appliquée, mais elle suffit.

Les cas de Chantal Sébire, Vincent Himbert sont des exceptions. Sans doute n’y en a-t-il pas en France chaque année plus que les doigts de deux ou trois mains. Je ne crois pas que la loi générale doit être dictée par des exceptions aussi aigües.

La conjonction d’un absolue conscience, d’une réelle détermination, d’une maladie gravative sans recours et in fine mortelle, ne sont pas des expériences quotidiennes. A ces cas d’exception, il faut une « juridiction » d’exception.

Juridiction ne veut pas obligatoirement dire « loi » , mais peut correspondre à une réunion de sages ou d’experts, ou d’un comité d’éthique… Mais surtout ne légiférons pas à tort et travers et encore, moins dans l’émotion.

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