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Rien, en effet, que j’aime autant que l’écriture de-ci, de-là, pour dire tout sur ce rien et rien sur ce grand Tout effrayant, qu’on aborde avec de grands airs, le plus souvent pour ne pas en dire grand chose.

Rentrée un peu moins tard que la moyenne des jours, j’ouvre mon ordi comme on ouvre un livre, en humant dans l’air de la journée le sujet de mon billet. La plénière du Conseil général, où l’illustre Yves d’Amecourt, Président du groupe UMP, a tancé le Conseil Général d’augmenter le taux d’imposition de 1% au lieu de recourir à l’emprunt ? Forfanterie ou innocence aux poches vides de la part d’un soutien sentencieux du gouvernement qui a créé les franchises médicales et doublé en un an la dette publique ?

La réponse aux deux questions est courte : dérisoire.

Alors quoi ? Mon gros chien, m’accueillant à la porte « with a wagging tail » (« queue battante ») et me faisant souvenir de cette phrase (de qui ?) « One of the things you cannot buy for money is the wagging of a dog’s tail ». (Une des choses que l’argent ne peut acheter est le battement heureux de la queue de son chien »). On voit au passage que la traduction n’est pas chose simple. L’anglais est toujours plus ramassé, l’herbe y pousse entre les mots, là où il faut en Français une touche supplémentaire.

Mon chien va bien. A cinq mois, il pèse 25 kilos, ce que n’atteint pas un enfant en plusieurs années. Je partage sa vie depuis trois mois, et il m’enseigne chaque jour la rapidité du temps. La croissance d’un gros chien est comme un film en accéléré, et comme la conscience que l’on a du temps au fur et à mesure que l’on avance en âge. La petite boule attendrissante qui a fait en janvier sa première manif’ décorée d’un auto-collant du MJS est aujourd’hui un valeureux berger que je signale délicatement à l’attention des aimables enquêteurs qui ne manqueront pas de se reconnaître dans mon propos.

Pourquoi pas en effet ? Mais de mon gros chien, si Dieu -titulaire du titre ou faisant fonction- nous prête vie, nous avons encore une petite quinzaine d’années à parler. Trois mandats de député. C’est raisonnable. Quoi vous raconter encore, de rien disant et pourtant de ne disant pas rien ?

J’ai demandé aujourd’hui (très poliment) par courrier l’autorisation au Maire de Bordeaux de financer avec mon FDAEC (pour les non initiés : Fonds d’Aide à l’Equipement des Communes mis par le Conseil Général à la disposition des communes) l’installation d’un jardin partagé au Grand Parc. C’est la très belle initiative des riverains de Saint Seurin qui m’a, non pas donné l’idée, j’en ai parlé plusieurs fois en Conseil Municipal, m’ai enhardi à demander cette autorisation à « mon » Maire.

Il faut que je vous dise en effet : je n’ai qu’un seul Maire, et je suis même en Gironde la seule de mon espèce. Quand Pascale Got ou Martine Faure (respectivement députées du Médoc et du Langonais) me disent : j’ai cent cinquante communes dans ma circonscription, je les envie presque, malgré le nombre de kilomètres entres les unes et les autres que cela suppose. Pour ma part, je n’en ai qu’une. Ma circonscription est la seule purement bordelaise et elle fut bien longtemps « la circonscription du Maire », comme on dit « le jardin du curé ».

J’ai besoin deux fois de l’autorisation de mon Maire pour financer un jardin partagé : d’abord parce que je ne peux l’implanter que sur le terrain communal et ensuite parce que ce Maire a édicté des préceptes pour accepter le FDAEC qui permettent guère l’innovation.

J’espère du fond du coeur qu’il acceptera ma proposition : le Grand parc et sa forte population âgée, le quartier des Chartrons, chiche en espaces verts, ont besoin plus encore que Saint Seurin, de jardins partagés. Ils apporteront gaieté, échange, rencontre intergénérationnelle, plaisir de vie.

Là, vous vous dites : elle ne devait parler de rien, et voilà qu’elle nous parle de quelque chose d’important, qui lui tient légitimement à coeur et qui ne parait pas une mauvaise idée.

C’est vrai. En commençant mon billet, comme souvent, je ne savais pas où j’allais aller, ni même si j’irais très loin. J’avais tout simplement envie de parler et de dire, d’une manière différente, que la politique ce n’était pas que des choses moches ou compliquées, ou dissimulées, trafiquées ou faites pour l’intérêt d’un seul.

La politique, c’est la vie : la vie qu’il faut aider à ne pas gâcher parce qu’on en a qu’une et, qu’avec le temps, elle est de moins en moins longue.

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