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Messe du souvenir de l’abbé Pierre. D’où j’arrive, gelée jusqu’aux moëlles, ce qui n’est rien au regard de l’hiver 54. Et il n’est pas mauvais que les faits bousculent jusqu’aux expressions toutes faites : le froid de la cathédrale de Bordeaux, après une longue journée et à l’issue du Conseil municipal, n’avait rien à voir avec celui qui a fait dire à l’Abbé « Mes amis, au secours, une femme est morte gelée cette nuit… »

Cette phrase a été citée de multiples fois ces derniers jours. Elle a été redite ce soir et je la trouve exemplaire. Seule une sincérité totale peut trouver des mots aussi justes. « Mes amis…  » . C’est à la communauté des humains qu’il est fait appel, personne n’est culpabilisé d’avoir chaud, d’être chez soi. « Mes amis… »

Plusieurs textes de l’Abbé Pierre ont été lus par des compagnons d’Emmaüs. L’un m’a frappé, que je cite de mémoire et donc très imparfaitement  » Le monde n’est pas séparé entre croyants et incroyants, mais entre « suffisants » et « communiants ». « Suffisants », ceux qui se suffisent d’eux-mêmes, qui s’intéressent et ne croient qu’à eux-mêmes, ceux qui détournent le regard du malheur des autres. « Communiants », ceux qui partagent les joies et les malheurs des autres. Il y des suffisants parmis ceux qui croient, et des communiants parmi ceux qui ne croient pas ».

Ma citation est maladroite, imparfaite et ne rend certainement pas la force du propos. Elle est exacte dans son sens, mais je serais heureuse que l’on m’apporte la version authentique, certainement beaucoup plus percutante. Le double sens du mot « suffisant » (« qui se suffit », mais aussi « qui est imbu de soi ») est décisif ici. Cet abbé savait que « la langue ne ment pas ».

Je me suis promis de n’avoir pas de langue de bois dans ce blog. J’aurais préféré une messe plus oecuménique, où tout homme de tout horizon se serait senti en « communion » (le même mot encore) avec l’Abbé.

Je rentre et je sens encore ce froid : cette cérémonie était une cérémonie catholique trop traditionnelle, où l’on s’est pressé à la table de communion, où je n’ai pas senti suffisamment l’universalité du message .

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