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Quelle place pour les âgés dans 10, 20, 30 ans ? Ce champ de réflexion est un champ vide. Les âgés vivent plus vieux et sont plus nombreux à le faire. Ils sont majoritairement en bon état et désireux d’être plus que d’avoir été. Quelle place, quel rôle pour eux dans une société dont ils constitueront le tiers ?

Dix, vingt, trente ans, ces chiffres ne sont pas choisis au hasard. Outre que le premier nous a été proposé par le Président de la République comme devoir de vacances (Préparer la France dans dix ans), ils couvrent la période où  les enfants des Trente glorieuses de la natalité, les « boomers », arriveront dans le champ de l’âge. La question n’est pas de déterminer comment les occuper comme on le ferait pour des enfants d’école maternelle mais de préparer cette France de demain capable de leur donner autant l’envie que la force d’en être partie constitutive.

Nous ne partons pas de rien : d’ores et déjà les âgés constituent la colonne vertébrale de notre cohésion sociale. Imaginons qu’une seule journée, les plus de 60 ans déclarent la grève générale. Adieu équilibre des familles, accueil des petits enfants, engagement associatif, vie des partis politiques, dynamisme des municipalités…. Je rêve déjà ces bataillons d’âgés de 60 à 120 ans, déclarant forfait, arpentant les chaussées pour le seul et beau motif qu’on mesure l’importance de leur ouvrage.

Et pourtant. Et pourtant, combien qui ne trouvent pas leur place ? Combien vivant leur «mise » à la retraite comme une rupture et un rejet ? Combien dont le rôle se réduit d’un coup à l’échange de petits services et à l’attente de petites actions ? Dont les conversations rétrécissent à l’aune du seul quotidien ?

Quand la vieillesse dure 30 ans, elle n’est plus une part de vie à occuper mais une part de vie à accomplir. Trente ans… Mozart, Schubert, Radiguet en ont-ils eu davantage ? Peut-on imaginer que de ce supplément d’années que nous a donné le siècle dernier à force de progrès médicaux et de luttes sociales, nous en dépensions une seule à guetter le téléphone ou à attendre le prochain repas ?

Je ne crois pas à la vieillesse télé-tennis-tourisme. Outre qu’elle ne concerne qu’une courte fraction des âgés,  elle est fondamentalement sans objet et élargit le trou béant du rapprochement de la mort. Dans je ne sais quel texte, Buzzati saignait à la vue de vieilles Américaines en croisière qui n’auraient personne à qui raconter ce qu’elles ne regardaient même plus. Alors quoi, pour ce tiers-état dont l’Etat, la vie citoyenne, les jeunes, la France, ont si fort besoin dans les 10, 20, 30 années à venir.

Je planche sur ce sujet. Quels moyens pour susciter, valoriser, épanouir l’investissement des âgés ? Quelles évolutions, quelles transgressions pour intégrer ce fait radicalement nouveau -la longévité- dans une société obligatoirement nouvelle ?Quelles règles à dissoudre pour que les âgés ne vivent pas entre deux murs, celui de l’activité professionnelle qui s’est fermée et celui de la réclusion dans n’importe quelle forme d’antichambre de la mort ?

Beau sujet d’été… Oui, parce qu’il y a des réponses. Et s’il y en a dans ma tête, il y en a dans celle des 18 millions de boomers qui continuent à vouloir à être pour quelque chose dans le cours du monde, comme dans celui de leur vie.

(voir aussi : « place et rôle des âgés, pistes de travail »  en date du 14 aout)

 

 

 

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