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Jusqu’à 2013, la courbe de la pauvreté et les indices mesurant les inégalités ne cessaient de monter. Les chiffres publiés aujourd’hui par l’INSEE montrent qu’au contraire, celle-ci vient de s’inverser. C’est une nouvelle majeure malgré le caractère encore modeste des chiffres. L’aggravation permanente que nous connaissions n’était tout simplement plus tolérable.

Les chiffres ne tombent pas du ciel : c’est une batterie de mesures, au premier rang desquelles le « plan pauvreté » voulu par Jean-Marc Ayrault dès le début du quinquennat commence de porter ses fruits. Deux milliards d’euros y ont été consacrés dans une indifférence presque complète des médias et, aujourd’hui un oubli que les données de l’INSEE viennent heureusement réveiller.

L’amélioration globale du taux de pauvreté n’est que de 0,3 % (14% au lieu de 14,3%). Ceci s’explique par la relative stagnation du pouvoir d’achat des retraités. Rappelons à ce propos que les mesures de la loi vieillissement que j’ai élaborée -en particulier l’amélioration significative de l’APA- ne prendront effet qu’à compter du 1er janvier 2016.

La réduction concerne principalement les jeunes adultes et les mineurs. La pauvreté des enfants de familles monoparentales passe de 43,2% à 39,6% (-3,6%). Les chiffres demeurent cependant dramatiquement élevés : un enfant pauvre est marqué pour la vie et ses chances sont diminuées.

Les inégalités se réduisent et l’indice de Gini qui mesure la distribution des revenus diminue et tend davantage vers zéro qui signifie la parfaite égalité. Il passe ainsi de 0,305 à 0,291. La distribution par l’impôt fonctionne : 70% des augmentations ont été supportées par les 10% de Français les plus riches. Cette année 9 millions de ménages vont sortir de l’impôt avec la suppression de la 1ère tranche, ce qui accentuera cette réduction des inégalités. On est très loin du « bouclier fiscal » de 2007 qui protégeait les plus riches..

L’intensité de la pauvreté se réduit aussi. Rappelons qu’on appelle « pauvre » en termes statistiques une personne qui perçoit moins de 60% du revenu médian des Français. Le revenu moyen de ces pauvres passe de 791 euros par mois à 802 euros.

Les principales mesures qui ont permis ce premier pas dans la réduction de la pauvreté sont les suivantes : revalorisation du revenu de solidarité activité (RSA), augmentation des plafonds d’accès à la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), l’aide à l’acquisition de la complémentaire santé (ACS), le contrat d’insertion pour jeunes non qualifiés (garantie jeunes), la nouvelle prime d’activité basée sur la fusion de la prime pour l’emploi et du RSA activité, l’extension de cette prime aux moins de 25 ans, l’amélioration de l’accès aux droits qui demeure cependant très insuffisante. S’ajoutent à cela les mesures en direction du logement des plus pauvres.

« Le long remords du pouvoir » trouve ici son démenti. Cette courbe qui montait toujours plus haut, il fallait l’inverser. Il faut maintenant poursuivre et accentuer cette inversion et lutter, lutter encore pour la compléter par la réduction du chômage sans laquelle toutes nos politiques sociales seront mises en péril.

 

Comments 6 commentaires

  1. 24/09/2015 at 10:37 Klaus Fuchs

    L’inversion de la courbe, une bonne nouvelle bien que « l’hirondelle ne fasse pas encore l’été », comme nous disons en Allemagne. Cette discussion sur la pauvreté me rappelle une époque où le père Wresinski a publié son grand rapport sur ce sujet, vrai coup de tonnerre. Car à l’époque il était difficile d’en parler. Au Conseil de l’Europe les gouvernements trainaient les pieds car parler de la pauvreté signifiait admettre qu’elle existait ce qui voulait dire en creux que leurs politiques n’était pas suffisante. Une « politique d’autruche » pour cacher une réalité honteuse…
    Dans les discussions, se posait aussi un problème jamais vraiment résolu: comment MESURER la pauvreté. Les 60% du revenu moyen ne sont qu’une méthode artificielle et discrétionnaire.
    Et me revient aussi une période quand tout le monde, ou presque, était pauvre, après la guerre. Donc, pauvre par rapport à quel aune? A qui on devait se comparer? Tout est relatif, comme disait l’autre.
    Et que met-on dans la corbeille, outre les biens « essentiels » pour la survie, pour mesurer? Le confort? La « culture »?
    Vaste sujet…

  2. 24/09/2015 at 11:03 francis

    C’est effectivement une bonne nouvelle,
    et un résultat à mettre au crédit de Hollande/Ayrault,
    il n’y en a pas tant !
    Nous voyons enfin à quoi servent les impôts supplémentaires que nous payons depuis 2012 !!

    je trouve les médias bien frileux sur ce thème, relativisant, minimisant, ratiocinant,
    sans compter les assos qui ont fait des inégalités leur raison de vivre
    et qui n’ont aucune envie de devoir disparaître avec elles !

    dommage pour les retraités, les « oubliés » et les « ponctionnés » du début de septennat,
    avec une subreptice augmentation de leur CSG, la suppression de la demi part des veufs et veuves, et autres…

    Je ne suis pas certain que la sortie de 9 millions de ménages qui payaient très peu d’impôt et étaient autour de la médiane change beaucoup les inégalités. Elle renforce en tout cas la classe moyennesup dans le sentiment qu’elle est la seule à payer !

  3. 24/09/2015 at 18:19 patrice merignac

    et bien encore des chiffres en trompe l’oeil car vous le dites bien le seuil de pauvreté est calculé par rapport au revenu médian donc il suffit que celui ci stagne voir baisse pour qu’artificiellement le nombre de pauvre d’un pays diminue par rapport au 60 % de revenu calculé pour cela.
    donc peut etre se poser la bonne question sur ce mode de calcul car la est plutot la question à se poser plutot que faire des constations qui sont fausse ne prenant pas en compte la flambé du cout pour se loger tout comme l’augmentation de certain prix bien au dessus du taux donnés d l’inflation

  4. 25/09/2015 at 11:47 Louis

    Depuis plusieurs années, le revenu médian ne cesse de baisser. Donc le seuil de pauvreté baisse aussi. Conséquence : moins de pauvres … Bravo les gars !
    Pour la réduction des « inégalités », vous oubliez de préciser qu’elle repose largement sur le matraquage fiscal des classes « moyennes », d’ailleurs bien entamé sous le quinquennat de l’ineffable Sarko … Vous devriez avoir le triomphe plus modeste.

  5. 25/09/2015 at 14:47 francis

    Le revenu médian baisse légèrement, certes, mais les revenus des personnes les plus pauvres augmentent, il y a deux effets qui concourent à cette diminution du taux de pauvreté.
    je cite l’INSEE : « Cette évolution s’accompagne d’une hausse du niveau de vie médian des personnes pauvres, qui atteint 802 euros par mois en 2013 pour 788 euros en 2012 (en euros constants).  »
    à 802 euros par mois, pour une personne seule dans une petite ville de province où un studio se loue 350 euros par mois charges comprises, avec 450 euros par mois donc pour les transports, la nourriture, les loisirs, il me semble qu’on peur survivre dans des conditions qui ne sont pas indignes.

  6. 06/10/2015 at 12:56 Geyer Mark

    Madame Delaunay est avec le gouvernement qu’elle soutient atteinte de quantophrenie. La pauvrete ne se mesure pas avec une artillerie de chiffres deshumanises mais dans la realite humaine quotidienne de trop de francais le tout comme consequence d’une politique sourde, aveugle et muette de gouvernants dopes aux courbes statistiques.

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