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Soigneusement découper un timbre sur une enveloppe, l’admirer, le conserver et le ranger, sont des gestes proches de disparaître. Ce furent longtemps des plaisirs d’enfant pauvre, qui des années plus tard, ou non, se transformaient en une collection méticuleuse et quelquefois prestigieuse. Il en demeure beaucoup, plus ou moins riches, plus ou moins anciennes, dans les trésors méconnus de bien des maisons. Internet sans tarder y mettra une fin définitive.

Combien restent-ils de ces petits plaisirs qui ne coûtent rien ? De ces activités méprisées dont seulement quelques-unes, après des années, trouvent le salut d’une quelconque reconnaissance ?

Certains en ont fait le thème d’un livre. La « madeleine de Proust » a été surtout consacrée comme un hymne au souvenir, mais ce n’est guère différent. « La première gorgée de bière » était davantage située dans l’instantanéité et le présent. Mais dans les deux cas, c’est l’écriture, ce plaisir en soi quand une phrase vient « à l’insu de votre plein gré » et se construit toute seule, qui a marqué la trace de ces plaisirs du pauvre.

Quels sont les vôtres, ceux qui ont échappé à la télé, à l’Euro2016, aux plaisirs imposés, aux plaisirs commerciaux ? Pour beaucoup, comme pour moi, viennent en tête de peloton les plaisirs de la familiarité avec la nature. Jardiner, cultiver, découvrir dans une promenade une plante locale et apprendre son nom…  Etre accueillie par la queue dressée de son chat, niché sur le toit et guettant votre retour, la « fête » de son chien, même s’il essuie ses pattes sur votre imperméable, le feu qui s’embrase dans la cheminée, le chant d’un oiseau qui vous tire du sommeil… Chacun de nous a sa collection de trésors, que quelquefois il partage, ce qui est toujours une marque de grande amitié et estime, que quelquefois il conserve dans le silence du passé et de l’espoir d’un possible avenir.

C’était tout à l’heure, une fleur presque enfantine, coloriée comme par un enfant, sur une enveloppe venant de l’étranger. Decoupée, elle a rejoint une toute petite collection dans une boite en buis datant du début du siècle dernier. Jamais il ne faut renoncer à tenter de vivre et de demeurer.

 

 

Comments 2 commentaires

  1. 11/06/2016 at 15:32 loyal

    Ah les plaisirs simples, comme je vous comprends, moi aussi je fuis l’agitation, et préfère le calme de la nature au bruit incessant et vain de la ville, les vraies valeurs sont intérieures.

  2. 16/06/2016 at 11:46 Jean Louis G

    Les timbres nous apprenaient l’histoire, la géographie.. ces plaisirs simples étaient aussi instructifs et ils ont nourri mon enfance. Bravo!

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