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La semaine passée, j’écrivais à Francesco Bandarin, directeur de l’Unesco en charge du classement au patrimoine mondial : « Je ne regarde jamais la courbe du fleuve, sans penser que la manière dont le verront nos enfants est entre vos mains ».

Le courrier au demeurant concernait principalement les vestiges de la place Pey Berlan que la Municipalité veut engloutir à tout jamais sous le ciment et le grès de Chine de la place. Ces vestiges sont très émouvants. Ils datent du temps d’Aliénor et les ensevelir est en contradiction totale avec la démarche active que suppose le classement Unesco.

Dans une heure d’entretien où nous avons échangé très librement il y a quelques mois, Francesco Bandarin avait insisté sur le sens profond du classement au patrimoine mondial : il ne s’agit pas de vénérer quelques belles pierres, mais de s’engager activement dans une démarche de fidélité à l’histoire et à la géographie des lieux.

Le fleuve qui associe histoire et avenir, patrimoine et développement durable, n’est-il pas le meilleur porteur de cet engagement ?

Ayant reçu quotidiennement des informations sur la réunion à Séville de la mission UNESCO, je ne suis pas sûre que ses conclusions correspondent à mes voeux. Mais ces voeux demeurent les mêmes : voir au delà du court, et même du moyen terme, et comprendre que « Bord’eaux » tient sa gloire et son avenir d’abord de son fleuve, de son estuaire, de cette position incroyable, unique en Europe de voir le domaine maritime s’arrêter en coeur de ville.

Très exactement : sous le pont de pierre. Bordelais de l’aval du pont de pierre, vous êtes des habitants du bord de mer !

Quelqu’un qui m’est infiniment cher disait : « la géographie prime toujours sur l’histoire ». Il voulait dire : pas de gloire, pas de développement, pas d’économie, pas d’Histoire, au mépris des atouts que donne à une ville, à un lieu, à un pays, la géographie.

Bordeaux est, de ce précepte, un lumineux exemple.

Le regard que porteront les générations futures sur l’arc du fleuve sera lourdement impacté (comme ont dit maintenant) par le choix du mode de franchissement Bacalan-Bastide.

Grand monument blanc, levant (de temps en temps) son tablier de béton et plantant pour des siècles les longs cure-dents de ses piles sur les rives ? Petit pont rétréci, levant ni plus ni moins souvent, mais épargnant à la ville un peu de CO2 ? Ou tunnel futuriste, préservant cet inestimable patrimoine qu’est le paysage, et cette autre richesse qu’est la possibilité de circulation fluvio-maritime pour la société de demain ?

La présentation des options n’a rien de purement objectif. Elle est ma vision de l’écologie et du développement durable de notre ville.

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